LE PREMIER de ces progrès, c'est incontestablement la trêve de six mois conclue, par l'intermédiaire de l'Égypte et au terme de longues et pénibles négociations, entre le Hamas et Israël. Selon cet accord de trêve, le Hamas cesse de bombarder le territoire israélien à la roquette, ce qu'il a fait avec une belle constance depuis que Sharon a évacué Gaza ; en échange de quoi, l'armée israélienne cesse toute intervention à Gaza et lève les blocus qui asphyxiaient les Palestiniens.
La trêve n'est que de six mois, mais elle peut être renouvelée ; elle risque aussi de ne pas être respectée, l'usage des roquettes étant devenu le sport national des Gazaouis. Mais l'accord démontre avec force qu'un répit peut être donné aux deux populations non par la violence, mais par la négociation. De ce point de vue, les Égyptiens ont fait du bon travail.
La trêve était indispensable pour une autre raison : tant que les roquettes pleuvaient sur Sderot et parfois d'autres localités, les Israéliens étaient plus tentés de réagir avec force que de poursuivre avec le président de l'Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, les négociations pour la création d'un État palestinien. Or Ehud Olmert, Premier ministre israélien, et M. Abbas ne sont pas loin d'un accord de principe qui, s'il n'est brisé entre-temps par aucun acte de violence, peut aboutir, avant la fin de l'année, à la création tant différée de l'État palestinien. Tous les points de discorde ne sont pas réglés, à commencer par le statut de Jérusalem ; et les Palestiniens continuent à exiger leur droit de retour dans le territoire occupé par Israël jusqu'en 1967. Exigence inacceptable pour Israël, qui ne peut pas admettre une inversion démographique en faveur des Arabes qui mettrait fin tout aussi bien à l'existence d'Israël que la bombe que lui promet l'ineffable président iranien, Mahmoud Ahmadinejad.
ISRAEL TENTE D'OBTENIR PAR LA NEGOCIATION LA SECURITE QU'IL N'A PAS EUE PAR LA GUERRE
Olmert sur le fil.
Mais enfin, M. Abbas ne dit pas qu'il reste des difficultés insurmontables. Il le dit d'autant moins que, pour sa part, il n'a pas ramené le Hamas dans le giron de l'Autorité palestinienne et que, pour que ses pourparlers avec Israël avancent, il a bien fallu qu'il s'en remette aux Égyptiens.
L'attitude d'Israël, qui a donc accepté la trêve avec le Hamas et s'apprête à faire des concessions territoriales, sous la forte pression des États-Unis, est, de ce point de vue, conciliante : M. Olmert ne s'inquiète pas du « découplage » d'une Palestine divisée et accepte, en quelque sorte, d'avoir deux interlocuteurs différents. C'est assez dire que le chemin conduisant à la paix est tortueux et qu'il faut y croire avec la foi du charbonnier pour avancer. Ou alors, comme c'est le cas de M. Olmert, il s'agit de donner un gage à George Bush avant qu'il ne quitte la présidence des États-Unis dans un état de complète déconfiture.
L'affaire se complique avec les poursuites judiciaires dont M. Olmert fait l'objet : il aurait accepté de grosses sommes d'un riche Américain qui témoigne contre lui aujourd'hui. Il tient à rester au pouvoir tant que sa culpabilité n'est pas prononcée par la justice, avec l'« équanimité » qu'il a acquise dans de précédentes affaires qui n'ont jamais abouti à une condamnation. On notera avec un intérêt tout particulier que sa propre ministre des Affaires étrangères, la jeune et compétente Tzippi Livni, qui s'entend comme larrons en foire avec Condoleezza Rice, lui a demandé à plusieurs reprises et publiquement de lui laisser la place de Premier ministre, qu'il n'en a rien fait, mais qu'il ne l'a pas limogée pour outrecuidance. Il demeure que le gouvernement israélien est faible, que son temps de vie est limité, et que tout cela n'est pas vraiment propice à un accord historique pour la création d'un nouvel État arabe.
La paix, juste par hasard ?
Mais l'histoire peut nous réserver une surprise : au moment où l'on a cru à la paix, en 1993 et en 2000, on ne l'a pas eue ; quand elle semble totalement inaccessible, peut-être est-elle plus proche qu'on ne le croit. D'autant que les Israéliens, et c'est une incroyable surprise, sont en sérieuse négociation avec le régime syrien. Ils s'y sont résolus par pragmatisme, celui-là même qui leur a permis de lever pour un temps la menace du Hamas. Ils ont besoin du président syrien, Bachar Al-Assad, pour qu'il efface une autre menace, celle du Hezbollah du Liban, et sont prêts, pour y parvenir, à lui restituer le Golan, transformé en quarante ans en Napa israélien. Cela signifie-t-il que les Israéliens ont renoncé à se battre contre le Hamas et le Hezbollah ? Cela veut dire en tout cas que, s'ils peuvent, sans tirer un seul coup de feu, écarter le danger que les deux mouvements représentent au nord et sud d'Israël, ils le feront.
Nicolas Sarkozy leur vient en aide à sa manière, qui a invité Bachir Al-Assad pour le sommet fondateur de l'Union pour la Méditerranée, le 13 juillet prochain. Il n'est pas impossible que Olmert et Assad se retrouvent autour de la même table, même si le président syrien rejette des négociations directes. Après tout, M. Assad fait bombarder Israël par le Hezbollah parce qu'il ne peut pas reconquérir le Golan par la force : peut-être que le Hamas fait la même analyse. Ne péchons pas par optimisme : le Hamas et le Hezbollah sont surtout aidés par l'Iran. Or Ahmadinejad, lui, n'a rien à gagner ni à perdre dans la question palestinienne. C'est encore lui qui peut (re)mettre le feu aux poudres.
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