Théâtre

Un sommet

Publié le 10/09/2015

Crédit photo : Elizabeth Carecchio

Le théâtre est parfois un refuge, un endroit où se poser. C’est aussi une caverne magique où l’imaginaire triomphe du réel. Pour autant, si le jeu est d’effacer les frontières, on se retrouve aisément dans un no man’s land sans foi ni loi où les vivants sont morts et vice-versa. Tout cela et bien d’autres choses encore nous sont racontées par Pirandello dans sa dernière pièce inachevée, Les Géants de la montagne. Sans jeu de mot, c’est là un des sommets du répertoire du XXe siècle. La rencontre d’une comédienne, chef d’une troupe minée par l’insuccès, épuisée par l’ingratitude du public, avec une espèce de gourou-magicien, grand inventeur de sortilèges, nous administre une nouvelle fois la preuve que tout est possible au théâtre « à condition d’y croire ».

Simplement cette antique religion qui a survécu à tous les monothéismes est menacée par le culte du divertissement, nous avertit Pirandello en plein triomphe du fascisme. Bien sûr, Stéphane Braunschweig en ouverture de la saison du théâtre de la Colline n’a pas choisi ce grand texte par hasard. Et les mots de la pièce font écho avec certaines situations vécues en 2015. Mais ce n’est pas, loin s’en faut, un spectacle politique. C’est surtout la découverte d’une grande œuvre servie ici par deux comédiens de talent, Dominique Reymond et Claude Duparfait. On aurait peut-être espéré dans la mise en scène davantage de chaleur héritée de la Commedia dell’arte et moins de froideur toute scandinave, plus de folie, et pas tant de cérébralité. Pour autant, ces Géants nous hissent bien haut, loin du quotidien, tout près des cimes de l’art.

Théâtre de la Colline, jusqu’au 16 octobre puis en tournée à Annecy, Marseille, Tours, Besançon, Strasbourg.

Source : lequotidiendumedecin.fr