ON ATTENDAIT avec un mélange d'anxiété et de curiosité l'entrée dans le sacro-saint Ballet de l'Opéra de Paris de Jerôme Bel, à la réputation de chorégraphe iconoclaste. Cet ancien assistant de Decouflé a flirté avec des genres aussi différents que le théâtre et la musique. Son choix pour cette consécration, convoitée par bien des créateurs, s'est porté sur un solo mettant en vedette la danseuse Véronique Doisneau, sujet du corps de ballet, qui, à 41 ans, entame sa dernière année dans la compagnie.
Seule pendant trente minutes sur la vaste scène, cette sympathique jeune femme se raconte, se met pour ainsi dire à la portée du grand public, pas du petit cercle d'aficionados qui sait tout cela par cœur. Du coup, on entre vraiment dans la vie quotidienne de la ballerine, salaire, essoufflements, états d'âme vis-à-vis de la hiérarchie, etc.
Un seul petit trait de génie, mais vient-il de la danseuse ou du chorégraphe ? Véronique Doisneau fait partager sa souffrance, preuve à l'appui, de ce qu'est le calvaire d'un membre du corps de ballet de servir de décor humain aux Étoiles. Et de tenir en musique pendant dix grandes minutes les trois positions dans lesquelles elle et ses consœurs sont condamnées à rester figées pendant le légendaire pas de deux du second acte du « Lac des cygnes » qu'on ne pourra désormais plus jamais voir du même œil. Un régal ! Fallait-il vraiment pour ce divertissement de bon aloi aller chercher un chorégraphe extérieur au sérail, de plus à la réputation sulfureuse ? Pour une pièce qui, du fait du prochain départ à la retraite de mademoiselle Doisneau à qui, au passage, on tire son chapeau de s'en tirer si bien, n'a pas d'avenir au répertoire ?
Pour encadrer cette création, on avait choisi deux pièces du répertoire un peu négligées lors de ces dernières saisons. Le virtuose et académique « Etudes », d'Harald Landler, ancien patron de l'école de danse sur une adaptation pour orchestre des « Etudes pour le piano », de Carl Czerny (1952). Hélas, le contraste était trop grand entre la virtuosité réelle des danseurs et la lourdeur de l'orchestre Colonne dirigé par Paul Connelly.
Et, comme dernier volet, les toniques « Glass Pieces » (1983) dont Kader Belarbi et Marie-Agnès Gillot étaient les solistes entourés de magnifiques danseurs, tous rompus au style si particulier de Jerome Robbins.
Opéra-Garnier (08.92.89.90.90). Prochain spectacle chorégraphique : Soirée Angelin Preljocaj (MC 14/22 « Ceci est mon corps » et création du 5 au 21 novembre.
Photo du spectacle demandée à : Evelyne Paris : 01 40 01 24 96. presse.danse.garnier@opera-de-paris.fr
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