L'HISTOIRE DU JOUR

Un solitaire

Publié le 02/06/2004

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Il était « asocial et solitaire. Il avait peu d'amis ». Il avait « mauvais caractère » avec « de fréquents accès de colère ». Il était « étrange et isolé », « préoccupé par sa propre réalité intérieure ». Qui ? L'un des plus grands peintres de tous les temps, bien que la description puisse correspondre à bien des gens, contemporains ou non. Le Pr Michael Fitzgerald (université de Dublin) et le Dr Muhammad Arshad (psychiatre) se sont penchés sur le cas de Michel-Ange et révèlent leur diagnostic dans le « Journal of Medical Biography » (31 mai). Pour les deux chercheurs, pas de doute : « Sa routine de travail obsessionnelle, son mode de vie inhabituel, ses médiocres aptitudes à communiquer et sa tendance à vouloir tout contrôler semblent être caractéristiques d'un syndrome d'Asperger », disent-ils.
Décrit en 1944 par le psychiatre autrichien Hans Asperger, ce syndrome est une forme légère d'autisme qui touche environ 26 enfants sur 10 000 et beaucoup plus souvent les garçons. Michael Fitzgerald avait déjà fait le même diagnostic chez le musicien Béla Bartók, hésitant avec un « autisme de haut niveau ».
A quoi bon savoir que Michel-Ange était peut-être autiste ? Dans une lettre publiée dans « Nature » (20 mai), le neurologue et écrivain Oliver Sacks note qu'on a trop vite fait de « pathologiser » le génie et d'abuser du concept d'autisme. Ni Wittgenstein, ni Einstein, ni Newton n'étaient autistes, prévient-il. Quant à la Joconde...