UN SITE Internet a vu le jour cet automne, qui établit un classement des hôpitaux et des cliniques sur des critères de performance (www.hospiguide.fr).
A l’origine de cette initiative, un homme, ancien statisticien hospitalier, ancien membre de l’ARH (agence régionale de l’hospitalisation) du Nord - Pas-de-Calais, qui explique qu’il veut renforcer l’information des usagers sur le système de santé. «Mon guide de l’hospitalisation s’adresse à Monsieur Tout-le-Monde, dit Mohammed Qafli. Le but est de permettre aux Français de choisir la clinique ou l’hôpital le plus performant.»
L’outil, en accès libre, est gratuit. Les tableaux comparatifs, établis par région et par discipline, s’appuient sur plusieurs indicateurs issus notamment du Pmsi (programme de médicalisation des systèmes d’information) : durée moyenne de séjour, taux de mortalité, valeur des soins, nombre d’actes moyens réalisés. Chaque établissement se voit attribuer une note sur vingt, censée refléter son niveau de performance. A ce jour, 80 % des utilisateurs d’Hospiguide sont des professionnels de santé.
Des écarts parfois considérables.
«Cela prouve que le monde de la santé devient très sensible aux questions de qualité, dit Mohammed Qafli. Ce guide permet aux établissements de se positionner par rapport à la concurrence: avec la tarification à l’activité, ils n’ont plus intérêt à dépasser la durée moyenne de séjour, sinon ils y sont de leur poche.»
Les écarts de notation d’un hôpital à l’autre sont parfois considérables. Reste à savoir quelle fiabilité accorder à ce guide, fruit d’une démarche privée individuelle, et qui ne bénéficie d’aucune reconnaissance des pouvoirs publics. Ni la HAS (Haute Autorité de santé), chargée de la certification des établissements de santé ni le ministère de la Santé ne lui ont apporté leur caution. Hospiguide, malgré son côté «artisanal», va «dans le bon sens», pour la Fédération hospitalière de France (FHF), qui lancera en juin 2007 un site Internet à destination des Français, pour répondre à leur demande d’informations sur l’hôpital public.
Le ministère de la Santé oeuvre également dans le sens d’une plus grande transparence. Les services de Xavier Bertrand préparent de nouveaux classements « nosocomiaux » des hôpitaux et des cliniques, qui compléteront le premier classement présenté par le ministre en février 2006 – chaque établissement de santé avait alors reçu une note entre A et E, selon la qualité de son plan de lutte contre les infections nosocomiales.
Au final, ces classements, qui s’ajoutent à ceux que publient certains magazines depuis des années, répondent-ils aux attentes ? Influencent-ils les Français dans leur choix du lieu d’hospitalisation ? Pas vraiment, estime Etienne Minvielle, qui travaille à l’Inserm à l’élaboration d’indicateurs de qualité : «Je crois que les patients utilisent plutôt le bouche-à-oreille, ou les recommandations de leur médecin traitant.» L’utilité des classements est à trouver ailleurs, selon le chercheur : «Les indicateurs ont une influenceforte pour faire évoluer les pratiques professionnelles. Une équipe, un service mal noté, va tout faire pour essayer de s’améliorer, car son image est en jeu.»
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