ARTS
PAR JEAN-JACQUES LEVEQUE
LUS que partout ailleurs, l'art italien avant l'unité du pays s'est plié aux fluctuations de l'Histoire. Et un jeu d'é-changes permanents s'instaure entre les différentes capitales régionales. Sur un siècle (1480-1580), Bologne connaît à la fois une histoire mouvementée et une intense vie culturelle à laquelle participent soit des natifs, soit des artistes appelés sur des chantiers.
Alors que chute la seigneurie des Bentivoglio, l'art est à Bologne tiraillé entre l'influence de Mantoue (Bartolomeo Maineri) et le sursaut du classicisme incarné par Lorenzo Costa et Francia, lequel travaille à l'oratoire de Sainte-Cécile ; frappé de stupeur par la beauté absolue de l'intervention de Raphaël, il en serait mort de chagrin.
Le chantier de la basilique San Perronio pour lequel travaillent Bartolomeo Ramenghi et Innocenzo da Imola, collaborant avec les « locaux » Biagio Pupini et Giacomo Francia, qui perpétuent des valeurs traditionnelles.
Figure étrange dans une génération qui manque d'audace, Amico Aspertini retourna aux sour-ces de l'antiquité romaine, y faisant passer un frisson alors novateur mais qui l'éloigne de ses contemporains. Un afflux d'artistes venus de Ferrare, Florence, Sienne, Trevise maintient cette allégeance à un style visant avant tout l'harmonie, le suprême équilibre des formes.
Mais c'est surtout le passage du Parmesan (1527-30) qui va déclencher la sublimation ma-niériste qu'entraînent avec eux Giorgio Vasari et Francesco Salviati, auquel Bologne ne peut être insensible.
Par un jeu d'oscillation, une alternance des influences extérieures, Michel-Ange, dont la statue de Jules II avait été détruite, connaît une nouvelle fortune grâce à Pellegrino Tibaldi, que le cardinal Poggi choisit pour l'ornementation de son palais où il prend pour sujet l'histoire d'Ulysse, d'une facture ample et audacieuse, dans une profusion décorative musclée.
Primatice, originaire de Bologne, restait fidèle à la cité qui était pour lui un vivier de talents nouveaux qu'il entraînait sur le fastueux chantier du château de Fontainebleau. Dans
le même temps, la présence
du Concile venu de Trente
(1547-49), implique des artistes locaux dans un programme de vastes réformes visant les arts plastiques dans leur vocation religieuse.
Bartolomeo Passarotti est l'ultime représentation et maillon dans la longue chaîne des entreprises locales pour préparer l'avenir alors que les plus grands sont morts ou éloignés sur d'autres chantiers, d'autres destins. Il veut se mesurer à Michel-Ange (« Michel Ange donnant une leçon d'anatomie aux artistes de son temps ») et se donne des fonctions de « passeur ». Ce n'était point la fin d'une histoire, mais celle d'une époque. l'Histoire de Bologne se poursuit sur d'autres destins artistiques. Il y aura les Carrache (Ludovico, Agostino et Annibal), créateurs et animateurs d'une académie (des Incamminati) pour faire barrage aux excès du maniérisme.
Ils ont fait l'objet d'une exposition au Cabinet des dessins, en 1994. Ainsi, on a ici remonté le temps.
Un siècle de dessin à Bologne (1480-1580). De la Renaissance à la réforme tridentine. Musée du Louvre, salle de la chapelle, aile Sully, premier étage. Entrée par la pyramide ou par la galerie du Carrousel.
Tous les jours, sauf le mardi, de 9 heures à 17 h 45, noctrune le mercredi jusqu'à 21 h 45. L'entrée de l'exposition est comprise dans le billet d'entrée du musée. 46 F (30 F tarif réduit).
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature