L'ÉTÉ N'A PAS ÉTÉ un long fleuve tranquille au ministère de l'Enseignement supérieur. L'imbroglio juridique qui a agité la faculté de médecine de Lille et qui aurait pu coûter la réorganisation du concours de première année n'a pas laissé beaucoup de répit à la ministre et à ses collaborateurs (« le Quotidien » des 1er et 2 octobre).
Valérie Pécresse tient à ce que pareille mésaventure ne se reproduise plus. La ministre de l'Enseignement supérieur a invité l'ensemble des doyens des facultés de médecine et des présidents d'université à tirer les enseignements de ces dysfonctionnements. A la sortie de la réunion qui a duré un peu plus d'une heure, les doyens confessaient avoir diversement apprécié le discours «musclé» de Valérie Pécresse. La plupart se sont d'ailleurs éclipsés rapidement, sans demander leur reste. «Ce discours était très dur dans les mots et dans le ton, confie le Pr Dominique Perrotin, doyen de Tours. Nous rencontrons des difficultés tous les ans pour organiser ce concours et nous l'avons redit à la ministre. D'autant que l'on assiste à une hausse chaque année du nombre d'inscrits sans augmentation des moyens administratifs en parallèle.»
Certains représentants des facultés reconnaissent que le concours de PCEM1 est «l'objet de nombreux contentieux en dépit des efforts pour les organiser du mieux possible». «Nous nous nous sommes engagés à travailler pour essayer de faire évoluer cette première année», indique un responsable de l'université de Nice.
« La pression ne fait qu'augmenter ».
Le discours de la ministre et les discussions qui ont suivi ont été l'occasion pour les doyens d'aborder les conséquences néfastes de l'attractivité de la filière médicale auprès des étudiants. «Parler de mieux organiser le concours de PCEM1 sans évoquer la présélection à l'entrée en médecine est impossible, affirme le Pr Bernard Sèle, doyen de Grenoble. Nous voulons bien nous entendre reprocher qu'il y a des négligences, mais il faut savoir que les recours ne vont faire que croître, c'est structurel. Ce concours est producteur d'échecs, c'est désastreux, la pression ne fait qu'augmenter. On nous dit que la faculté de médecine est une composante comme les autres de l'université, mais ce n'est pas vrai. Nous avons ce concours et nous devons tenir compte du numerus clausus. » Valérie Pécresse a confirmé aux doyens avoir confié une mission à Jean-François Bach, secrétaire perpétuel de l'Académie des sciences. Elle attend en janvier 2008 des propositions pour élargir les débouchés à l'issue de la première année de médecine, créer des passerelles pour les candidats recalés et éviter l'impasse dans laquelle se trouvent chaque année environ 80 % d'entre eux. «On a l'impression que nos autorités n'ont pas lu le rapport Thuilliez sur ce sujet et de repartir de zéro comme si rien n'avait été fait...», regrette un doyen. Christian Thuilliez, auteur du rapport remis à François Goulard en août 2006 sur l'intégration des études médicales au cursus du LMD, est plus optimiste. «La ministre a la volonté de réactiver la réflexion de l'adaptation des études médicales au cursus européen du LMD (licence, master, maîtrise) , commente le doyen de Rouen. Il est probable que l'on en reparle très prochainement.» Le maintien du PCEM1 au sein des facultés de médecine ne manquera pas d'être évoqué. «La question est aujourd'hui clairement posée», reconnaît un doyen.
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