L’OEUVRE de William Hogarth a marqué l’histoire de l’art par son émancipation, sa modernité, ses fantaisies, ses bizarreries même. Homme des Lumières, éclairé, engagé, le peintre fut également théoricien, à l’origine de nombreuses avancées et innovations culturelles et sociales. Soucieux de pratiquer un art accessible au plus grand nombre, il fonda les premiers lieux publics d’exposition et fut à l’origine de la première loi sur la protection des droits d’auteur en 1735. Il développa ses théories et réflexions sur le goût, l’esthétique et la forme à travers son traité « The Analysis of Beauty » (1753). Hogarth est le premier peintre anglais à avoir accédé à la célébrité, grâce à ses toiles qu’il déclinait en gravures, et qui étaient ensuite diffusées à travers toute l’Europe, où elles connurent un immense succès. La satire. C’est dans ce genre qu’excellait Hogarth. Il se plut à dépeindre la vie de ses contemporains, leurs moeurs et leurs travers, dans une Angleterre en pleine expansion économique et industrielle. Des oeuvres à visée sociale et moralisatrice figurent dans l’exposition. Elles dénoncent tour à tour l’enrichissement rapide, les nuisances de l’alcool, la débauche et l’appât du gain, le jeu, certaines pratiques de corruption du système démocratique, le ridicule et la frivolité des aristocrates (série du « Mariage à la mode »)… Une verve piquante et caustique, une truculence habitent ces gravures et peintures. Mais la tendresse et la sensibilité ne sont jamais absentes des oeuvres de Hogarth. Ses célèbres « Conversation Piece » (qui révolutionnèrent l’art du portrait) sont des représentations aimables et raffinées de la société anglaise du XVIIIe siècle (voir « The Strode Family »). La légèreté et la bienveillance apparaissent également dans des portraits d’acteurs, de jeunes femmes ou d’enfants, représentés dans des compositions vives, aux traits gracieux.
Hogarth est un narrateur, un chroniqueur des moeurs citadines. Ses récits sont composés de saynètes, parsemés de symboles, de clins d’oeil, de détails minutieux (voir les séries des « Quatre moments de la journée » ou celles de « la Carrière d’une prostituée »). On pourrait penser à la bande dessinée, ou en tout cas au roman-feuilleton. Il faut aller découvrir ce peintre qui fait preuve d’une liberté et d’une audace à nulle autres pareilles et pose sur les êtres un regard curieux, malicieux et pénétrant. Hogarth, peintre moderne, a mis la vie dans ses oeuvres.
Musée du Louvre, tél. 01.40.20.53.17. Du mer. au lun. de 9 h à 18 h (mer et ven jusqu’à 22 h). Entrée : 9,50 euros. Jusqu’au 8 janvier. Catalogue RMN/Hazan, 240 p., 35 euros.
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