DEPUIS le début des années 2000, un groupe d'experts, cliniciens, chirurgiens et imageurs, a développé l'imagerie, pour permettre une meilleure adaptation aux thérapies ciblées, notamment avec l'arrivée des antiangiogéniques, en cancérologie. L'imagerie a fait de grands progrès technologiques, passant du mode conventionnel à une imagerie fonctionnelle.
Parmi les différentes techniques, en complément des critères biologiques et cliniques, l'imagerie de perfusion par scanner permet de quantifier l'activité vasculaire des néovaisseaux tumoraux. En effet, au cours d'un cancer, les lésions mutent et vont augmenter de volume. Grâce au facteur de croissance vasculaire, VEGF, des néovaisseaux vont se développer et conduire à une hypervascularisation ou néo-angiogenèse.
L'imagerie de perfusion va ainsi permettre de mesurer, de façon très fine et reproductible, l'évolution de la vascularisation d'une tumeur. Alors que le volume tumoral peut rester stable, la diminution, voire la disparition de l'hypervascularisation, apporte la preuve de l'efficacité du traitement. Il devient donc important non seulement de mesurer la taille de la tumeur, mais, grâce à cette technique, il apparaît possible de savoir si la tumeur demeure active ou si, au contraire, elle réagit favorablement au traitement.
Développée notamment par le Dr Didier Buthiau (Paris), cette technique a fait l'objet d'une étude en collaboration avec l'équipe de cancérologie de l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière. Elle est présentée à l'ASCO. L'objctif du travail était de mesurer par scanner l'activité des traitements antiangiogéniques ciblés sur les récepteurs VEGF 1 et 2 chez 113 patients présentant des métastases rénales, pancréatiques ou coliques. Les critères d'évaluation portaient sur le calcul du pic maximal de prise de contraste (TTP), l'intégrale de la courbe de surface de réhaussement (PEI), la pente maximale de croissance (MSI), la pente maximale de décroissance (MSD), le flux sanguin (BF), le volume sanguin (BV), le temps de transit moyen (MTT) et la surface de perméabilité (PS).
BF, TTP et plus spécialement PEI et PS se sont révélés plus élevés dans la tumeur que dans un foie normal, respectivement dans 68, 76, 100 et 100 % des cas. La PS était supérieure ou égale à 20 ml/min/100 g chez 100 % des patients. Au cours d'un traitement de première ligne par antiangiogéniques, la PEI et la PS ont chuté chez 78 et 82 % des patients répondant au traitement. Une diminution de la tumeur a été observée chez les patients répondant à la thérapie, y compris dans les métastases hépatiques. De plus, chez 40 des 60 patients stables ou en progression, selon les critères RECIST, la diminution de la perfusion tumorale (TP) était étroitement corrélée par une amélioration clinique. Il a été démontré une corrélation étroite entre le rapport PEI dans la tumeur/PEI dans l'aorte et la PS (R = 0,679).
L'imagerie de perfusion par scanner a permis de montrer, dans cette étude, le mode d'action des antiangiogéniques et a fourni une meilleure approche que la seule observation de la tumeur. Ce qui pourrait modifier les protocoles des cancérologues habitués à surveiller essentiellement la taille de la tumeur.
«L'imagerie de perfusion par scanner pourrait s'étendre au diagnostic de certaines maladies avant l'apparition des signes cliniques et, dans les maladies déclarées, permettre une augmentation des chances de guérison par des traitements ciblés», précise le Dr Didier Buthiau. À titre d'exemple, elle pourrait, notamment, dépister la maladie d'Alzheimer de trois à quatre ans avant l'apparition des signes cliniques.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature