SIXIÈME CHU en France par son volume et son activité, le CHU de Strasbourg s’équipe du modèle dernier cri en matière de robot chirurgical, avec le da Vinci S Surgical System (de l’entreprise américaine Intuitive Surgical), muni de quatre bras. «Nous avons un pôle de compétitivité dans le cadre de l’innovation thérapeutique. Avec le PrJacques Marescaux, qui fait partie de l’ensemble des chirurgiens, nous avons décidé d’acheter, après une procédure d’appel d’offres, l’équipement le plus performant actuellement», souligne Paul Castel.
Unique pour l’instant en France, cette innovation technologique «permet d’effectuer des gestes d’une grande précision en chirurgie fermée», explique le Pr Jaeck. Un système de vidéo de haute résolution guidé par un logiciel de navigation en 3D transmet sur écran une image du champ opératoire grossie huit fois. L’image est non seulement plus grande, mais aussi plus nette qu’à l’oeil nu. Le chirurgien travaille sur une console à 2 ou 3 mètres du malade. Le geste est ensuite transmis avec précision par les bras du robot. Par rapport au modèle précédent, il est plus maniable, plus mobile et peut être déplacé d’une pièce à l’autre par un chariot motorisé. Sur l’écran, le chirurgien peut voir en temps réel l’image du champ opératoire en même temps que des clichés du dossier.
Au fond du petit bassin.
«Toutes les spécialités chirurgicales peuvent relever de la chirurgie robotique», indique le Pr Jaeck. En premier, l’urologie, où le robot permet d’effectuer des gestes de précision essentiellement au fond du petit bassin. Il permet de faire une exérèse minutieuse du cancer de la prostate ou de la vessie. Ou de réaliser une anastomose au fond du pelvis, où l’accès est difficile. En chirurgie digestive, il existe d’autres applications. La cholécystectomie et la fundoplicature en sont deux exemples. On peut citer aussi les myotomies (opération de Heller) dans les cardiospasmes avec méga-oesophage, où il est nécessaire de sectionner la musculeuse de l’oesophage en respectant la muqueuse. Le robot à quatre bras a son utilité pour réaliser des surrénalectomies, des résections intestinales et les bypass gastriques dans l’obésité.
Dans le cadre de la transplantation avec donneur vivant, on peut l’utiliser pour le prélèvement d’un rein ou du foie.
La gynécologie aussi pourra bénéficier du da Vinci S, pour effectuer les hystérectomies et une dissection plus fine des cancers pelviens. En cardiologie, il permet de prélever l’artère mammaire interne dans de meilleures conditions, à thorax fermé.
Cicatrices minimes et gestes peu traumatisants.
Si le coût est important (1,6 million d’euros à l’achat, avec un surcoût de 1 800 euros par intervention, à partir de 100 interventions dans l’année), on peut tout de même espérer certaines économies. Les cicatrices sont minimes et les gestes chirurgicaux peu traumatisants, par rapport à la chirurgie à ciel ouvert. La durée de séjour est, semble-t-il, plus courte, mais cela reste à prouver par des études.
Au caractère innovant du robot s’ajoute celui du cadre dans lequel il va être utilisé. «Pour que tous les chirurgiens qui le souhaitent puissent y avoir accès, nous avons mis au point une charte comportant un contrat interne, d’une durée de deux ans, signé par chacun des chirurgiens utilisateurs et directeurs», explique M. Castel. Chaque chirurgien va payer le surcoût occasionné par l’usage de l’appareil à partir du budget du service ou du pôle d’activité. Et, en contrepartie, il s’engage à effectuer un certain nombre d’économies de prescription que le robot peut induire.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature