Prévention secondaire de l’AVC

Un risque réduit sous atorvastatine

Publié le 11/09/2006
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3e Congrès annuel de la Nouvelle Société Française d'Athérosclérose (NSFA)
15-17 juin 2006 à Biarritz

L’ETUDE SPARCL, dont les premiers résultas ont été présentés lors de la 15e European Stroke Conference à Bruxelles en mai dernier, est la première étude clinique spécifiquement dédiée à l’évaluation des bénéfices d’une statine sur le risque de récidive d’un accident vasculaire cérébral. «Jusqu’alors, nous disposions de données issues d’études menées chez des patients ayant des antécédents d’infarctus du myocarde traités par statines, dans lesquelles la baisse des AVC était un critère de jugement secondaire, et le lien entre le cholestérol et les AVC, contrairement à celui existant entre HTA et AVC, n’était pas formellement démontré. Les résultats de l’étude SPARCL, où la réduction des AVC était le critère primaire d’évaluation, sont ainsi extrêmement importants pour les neurologues», précise le Dr Philippa Lavallée.

Près de 5 000 patients.

L’étude SPARCL, à laquelle ont participé plus de 200 centres dans le monde, porte sur 4 731 patients n’ayant jamais reçu de statine, qui, après randomisation, ont été traités par de l’atorvastatine (80 mg par jour) ou par un placebo. Tous avaient présenté un AVC hémorragique ou ischémique, ou bien un accident ischémique transitoire (AIT) au cours des six mois précédents. Ils n’avaient pas d’antécédents coronariens et leur taux de LDL cholestérol était normal, compris entre 1 et 1,9 g/l.

Point important de cette étude : les patients inclus étaient représentatifs de la population de sujets victimes d’AVC et ils bénéficiaient par ailleurs d’un traitement considéré comme optimal.

Il s’agissait en effet d’hommes dans 60 % des cas, âgés en moyenne de 62,5 ans dans le groupe placebo et de 63 ans dans le groupe atorvastatine. Plus de 60 % d’entre eux étaient hypertendus, plus de 16 % diabétiques, plus de 19 % fumaient et environ 21 % avaient une sténose carotidienne.

La grande majorité des patients (96 %) avaient présenté un accident neurologique d’origine ischémique.

Un traitement antihypertenseur était administré chez 70 % des sujets, et un antiagrégant plaquettaire dans quelque 93 % des cas.

Le critère de jugement principal était le délai de survenue d’un AVC mortel ou non. Au terme des six années de suivi, dans le groupe atorvastatine, le risque de survenue d’un événement vasculaire fatal ou non avait baissé de 16 %, celui d’un AVC de 13 % et celui d’un infarctus du myocarde de 35 %.

L’analyse plus précise en fonction du type d’accident vasculaire montre que si les accidents ischémiques ont été significativement moins fréquents dans le groupe atorvastatine, les accidents hémorragiques ont légèrement plus nombreux. «La balance bénéfice/ risque reste cependant nettement en faveur du traitement par atorvastatine», souligne le Dr Lavallée.

Une bonne tolérance malgré les fortes doses. Le risque d’infarctus du myocarde, dont le délai de survenue était le critère secondaire de l’étude, a été fortement réduit, de 35 %, ce qui confirme les données antérieures.

Biologiquement, le taux de LDL était en moyenne, au cours du suivi, de 1,20 g/l chez les sujets sous placebo et de 0,73 g/l chez les patients recevant l’atorvastatine.

Autre enseignement important de cette étude : le traitement par atorvastatine a été bien toléré, malgré une posologie élevée. Notamment, les myalgies n’ont pas été plus fréquentes dans le groupe recevant la statine.

Ainsi, conclut le Dr Lavallée, «les patients ayant fait un AVC ou un AIT et ayant un LDL cholestérol normal bénéficient d’un traitement par statines à forte dose, avec une diminution du risque de récidive d’accident vasculaire cérébral et du risque d’événement coronarien, infarctus du myocarde notamment. La discrète augmentation du risque d’accident hémorragique n’est pour l’instant pas expliquée. La diminution de 13% des récidives d’AVC, proche de celle observée avec le traitement par aspirine, est très significative pour les neurologues».

D’après un entretien avec le Dr Philippa Lavallée, service de neurologie, hôpital Bichat, Paris.

HOPPENOT Isabelle

Source : lequotidiendumedecin.fr: 8006