L'AFFAIRE du chiot enragé de quatre mois que son maître avait introduit illégalement en France avait éclaté le 26 août 2004 : le Centre national de référence pour la rage-Institut Pasteur (Cnrr) alertait ce jour-là l'Institut de veille sanitaire (InVS), lequel activait une alerte qui fut rapidement décrétée au niveau de l'ensemble de l'Union européenne ; le risque de nouveaux cas paraissait en effet particulièrement élevé en raison du nombre de personnes, estimé à 80 000 en cette période de l'été où les festivals battent leur plein. Le fait que le chien ait accompagné son maître en Dordogne, Gironde et dans le Lot-et-Garonne, parmi des publics nombreux et sans être toujours tenu en laisse, entraîna la mobilisation des médias pour relayer l'alerte. C'est ainsi qu'outre sept personnes et deux chiens retrouvés dans son entourage les indications du propriétaire, recoupées par d'autres témoignages, ont permis de lancer une recherche pour 13 personnes et 17 chiens. Parmi eux, 8 personnes et 5 chiens ont pu être retrouvés. La permanence de la préfecture de Gironde a reçu pas moins de 3 500 appels en 50 jours.
187 traitements postexposition.
Au total, 187 personnes ont reçu un traitement postexposition, dont 147 (79 %) au centre antirabique de Bordeaux ; 29 d'entre elles (16 %) avaient formellement identifié le chiot enragé. Pour 4 personnes, le contact s'était fait par l'intermédiaire d'un animal qui avait approché le chiot.
Sur le plan vétérinaire, 1 200 animaux morts ont fait l'objet d'analyses ; 57 d'entre eux avaient eu un contact certain avec le chiot. Aucun prélèvement ne s'est révélé positif. En outre, 759 animaux capturés par les services de fourrière, sans avoir véritablement divagué, ont été placés sous surveillance pendant un an, conformément à la réglementation.
Véronique Servas (cellule interrégionale d'épidémiologie d'Aquitaine) et coll. rappellent en conclusion que si « le dernier cas de rage humaine contractée en France remonte à 1924 » et si « les observations de rage humaine importée sont rares, avec seulement 20 cas recensés entre 1970 et 2003 », le risque de contracter la maladie en France existe toujours à l'occasion des importations illégales d'animaux en provenance de zones d'enzootie. Elle rapporte d'ailleurs que deux autres cas de rage canine ont été diagnostiqués à Lorient et à Bordeaux en 2004, toujours avec des chiens introduits illégalement du Maroc. Moins alarmants, ces deux cas ont entraîné respectivement la vaccination de 24 et de 11 personnes exposées.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature