UNE ÉTUDE publiée dans le « BMJ » fournit un nouvel argument pour l’utilisation des sièges nacelles chez les enfants de moins de six mois, telle qu’elle est actuellement conseillée en France. Ce travail rapporte, en effet, neuf cas de désaturation chez des tout-petits – âgés de 0,4 semaine à 10 semaines – et transportés dans des sièges plus ou moins inclinables mis en place à l’avant ou à l’arrière du véhicule.
Au total entre juillet 1999 et décembre 2000 dans la région d’Auckland (Nouvelle-Zélande), où chaque année naissent environ 15 000 enfants, 43 enfants de tous âges ayant souffert d’un tableau compatible avec une désaturation (cyanose ou pâleur et impression subjective d’apnée découverte par les parents) ont été signalés à l’équipe du Dr Shirley Tonkin.
Une reconstitution de l’incident.
Les auteurs ont analysé les dossiers et ils en ont retenu neuf qui étaient compatibles avec une désaturation chez un très jeune enfant. Seuls sept de ces enfants ont pu être inclus dans l’étude puisque leurs familles ont accepté une reconstitution de l’incident.
En moyenne, l’épisode de désaturation est survenu à l’âge de 5 semaines, le poids de l’enfant à ce moment-là était de 3,149 kg. Seul un des nourrissons avait été prématuré (poids de naissance 785 g à 25 SA), tous les autres étaient nés à terme et leur poids de naissance était compris entre 2,320 et 4,080 kg. Les enfants ont tous été retrouvés inanimés par leurs parents, ils étaient généralement cyanosés et des gestes simples ont suffi à leur faire reprendre leur respiration : enfant sorti du siège, secoué, un geste de clapping, ou un bouche-à-bouche a été aussi associé pour 5 d’entre eux. Les parents avaient ensuite conduit leur enfant soit chez le médecin traitant (pour 6 d’entre eux), soit aux urgences de l’hôpital le plus proche.
Parmi les facteurs de risque de désaturation, les auteurs retiennent le tabagisme maternel pour 3 d’entre eux, mais ils incriminent surtout la position adoptée dans le siège. La reconstitution a, en effet, permis de montrer que tous ces enfants avaient adopté – en raison de la pesanteur de leur crâne associée ou non à une proéminence occipitale – une position en hyperflexion du cou qui induit un blocage au niveau des voies aériennes supérieures. Le Dr Shirley Tonkin conclut que «les tout-petits ne doivent par dormir dans de tels sièges sans surveillance et qu’il faudrait favoriser une position allongée».
En France, quel siège pour quel âge ?
Sur son site http://www.preventionroutiere.asso.fr, la prévention routière recommande : «Pour un long parcours, il est préférable d’installer les bébés jusqu’à six mois dans un lit nacelle, qui se fixe transversalement sur la banquette arrière. Le filet antiprojection, ou le bandeau de maintien, doit impérativement être fermé.»
Au-delà de six mois, ou pour les petits trajets, installer le bébé, jusqu’à ce qu’il pèse 9 kg, dans un siège « dos à la route », de préférence à l’arrière. Si l’enfant doit être placé à l’avant, il est très important de désactiver l’airbag passager, s’il existe.
De 9 à 15 kg, utiliser un siège baquet ou un siège à réceptacle.
Lorsqu’il dépasse 15 kg, et jusqu’à ses 10 ans environ, installer l’enfant dans un rehausseur, qui permet d’utiliser dans de bonnes conditions la ceinture adulte. En l’installant, la sangle doit passer sur l’épaule de l’enfant et non pas sur ou à la base du cou.
Le premier décembre 2006, le « Journal officiel » a annoncé que la ceinture de sécurité sera obligatoire à partir du 1er janvier 2008 pour «chaque enfant transporté dans des véhicules légers (jusqu’à 9personnes, conducteurs inclus), selon le mode le plus approprié à chaque enfant. Les enfants de moins de 10ans ne pourront plus partager une place pour deux, pratique jusque-là tolérée. Ils devront disposer d’un lit nacelle adapté, d’un siège ou d’un rehausseur homologué. Par ailleurs, il sera interdit d’installer un enfant de moins de trois ans dans son système de retenue à une place non équipée d’une ceinture de sécurité».
« BMJ », vol. 333, pp. 1205-1206 ; 9 décembre 2006.
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