CETTE RECHERCHE s'est fondée sur une impression allant croissant dans le monde scientifique. La schizophrénie s'établirait dès les premières étapes du développement cérébral. Des facteurs environnementaux, incluant ceux survenant au cours de la grossesse, associés à une prédisposition génétique, peuvent interférer avec le risque de survenue de l'affection.
Parmi les événements survenant au cours de la vie intra-utérine, un stress majeur vécu par la mère peut être considéré comme un de ces facteurs environnementaux. D'ailleurs, la littérature confirme que l'état psychologique de la maman peut influer sur son foetus.
L'équipe de Manchester a donc analysé les données des naissances survenues au Danemark entre 1973 et 1995. Elles ont été croisées avec celles des registres des cancers, des décès, des infarctus et des AVC. Puis les relations familiales ont été établies entre ces données et celles des femmes enceintes. La dernière étape a consisté à suivre les enfants nés de ces femmes de leur 10e anniversaire jusqu'au 30 juin 2005 ou jusqu'à leur décès, leur départ du Danemark ou la survenue d'une schizophrénie.
Au cours de la période d'étude, pendant leur grossesse, les mères de 21 987 enfants ont vécu le décès d'un proche et 14 206 ont été confrontées à une maladie grave autour d'elles. Enfin, 7 331 enfants ont déclaré une schizophrénie.
Un risque majoré de 67 %.
Le calcul fait émerger un constat. Le risque de schizophrénie et de troubles s'y rapportant est 67 % plus important chez les enfants de femmes ayant vécu le décès d'un proche au cours du premier trimestre de la grossesse. Un tel surrisque n'est pas retrouvé si le décès survient dans les 6 mois précédant la grossesse ou au cours des deux autres trimestres. De même, une maladie grave dans l'entourage de la femme enceinte n'est pas pourvoyeuse d'un surrisque chez l'enfant. Le lien mis en valeur, enfin, n'est significatif qu'en l'absence d'antécédents familiaux (parents, grands-parents, fratrie) de maladie mentale.
Ce risque lié spécifiquement au premier trimestre de la grossesse laisse supposer aux auteurs le rôle de médiateurs chimiques libérés par le cerveau maternel au moment du stress. Ils pourraient agir sur le développement cérébral du foetus. Cette particularité liée aux trois premiers mois pourrait être expliquée par une moindre efficacité de la barrière placentaire à ce stade de la grossesse.
« Archives of General Psychiatry », 2008 ; 65(2) : 146-152.
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