C'EST LA PLUS GRANDE étude sur les travailleurs du nucléaire conduite à ce jour. Coordonnée par des chercheurs du Centre international de recherche sur le cancer (Circ) de l'OMS, à Lyon (Dr Elisabeth Cardis), elle a porté sur 407 000 personnes de quinze pays. Il s'agit d'hommes en grande majorité, employés pendant au moins un an dans une centrale nucléaire ou dans des entreprises utilisant les radiations (recherche, déchets, production de carburant, d'isotopes ou d'armement nucléaire). Ils portaient un dosimètre et l'on dispose donc des mesures individuelles des doses de rayonnements externes subies en temps réel : 19 millisieverts (mSv) par travailleur environ. Leur devenir a pu être étudié sur une période de treize ans en moyenne. Près de 6 % étaient décédés, avec 6 519 cancers et 196 leucémies (autre que la leucémie lymphocytaire chronique).
De 1 à 2 % de décès.
Selon les auteurs, 1 à 2 % des décès par cancers chez les travailleurs étudiés peuvent être attribués aux rayonnements. Nombre des sujets concernés ont été exposés dans les premières années de l'industrie nucléaire, quand les doses étaient supérieures à celles constatées aujourd'hui. Seule une petite proportion de décès par cancer serait à redouter du fait de l'exposition chronique à de faibles doses de rayons X et gamma, parmi les travailleurs du nucléaire et dans la population générale.
Le risque estimé par l'étude est compatible avec celui pris en compte pour l'établissement des normes actuelles de protection et qui repose principalement sur les données issues du suivi des survivants japonais à la bombe atomique (100 mSv sur cinq ans et pas plus de 50 par an pour les travailleurs et 1 mSv par an pour la population générale).
Les auteurs concluent qu'un petit excès de risque de cancer existe, même aux faibles doses reçues par les travailleurs de cette étude. « Ces résultats, commente le Dr Boyle, directeur du Circ, étaient les indications actuelles quant au potentiel cancérogène des rayonnements ionisants mais sont rassurants en ce qui concerne leur impact probable sur le fardeau mondial du cancer. »
* Online First bmj.com.
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