Un RGO pourrait expliquer les otites séreuses

Publié le 10/02/2002
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Un traitement antireflux pourrait-il prévenir l'apparition de l'otite séreuse chez des enfants ? Une voie thérapeutique a priori surprenante que proposent Andrea Tasker et coll. (Newcastle, Royaume-Uni) dans le « Lancet ».

L'hypothèse des médecins britanniques repose sur un constat : une concentration très élevée de pepsine d'origine gastrique dans la « glu » présente derrière le tympan. Le liquide gastrique refluerait dans l'oreille moyenne via la trompe d'Eustache lors du décubitus dorsal de l'enfant. L'acidité provoquerait des altérations du conduit et de la muqueuse de l'oreille moyenne avant d'être neutralisée. L'inflammation ainsi créée serait à l'origine d'une colonisation bactérienne secondaire conduisant à l'otite séreuse.
Une telle étiologie semble possible en raison de l'angulation et de l'immaturité de la trompe d'Eustache. Le liquide gastrique peut aisément s'y répandre après un reflux, d'origine gastro-oesophagienne, dans le nasopharynx. Une étiologie multifactorielle a déjà été proposée à l'otite séreuse incluant les virus, une allergie, des bactéries et leurs produits ainsi qu'un dysfonctionnement tubaire.
Pour s'assurer de la présence de liquide gastrique dans l'oreille moyenne, les médecins britanniques ont eu recours à une recherche de pepsine dans la sérosité. Toutefois, une distinction devait être faite entre la pepsine gastrique et celle provenant du pepsinogène plasmatique, puisqu'un transsudat plasmatique est impliqué dans la formation de la « glu ».

De la pepsine dans les prélèvements

Au cours de paracentèses chez 54 enfants, de 2 à 8 ans, les auteurs ont effectué un dosage de pepsine sur le liquide aspiré. Par des techniques ELISA et d'activité enzymatique, ils ont pu distinguer l'enzyme d'origine gastrique de celle provenant du pepsinogène plasmatique. Dans 45 cas sur les 54 (83 %) de la pepsine a été mise en évidence dans le prélèvement. Les taux enregistrés, tant de pepsine que de pepsinogène, ont été 1 000 fois supérieurs à ceux du sérum, confirmant ainsi l'origine gastrique.
Les auteurs précisent que, en préambule à leur travail, ils s'étaient assurés par immunohistochimie de biopsies, que l'oreille moyenne ne synthétise pas de pepsine. Ils concluent que d'autres composants du liquide gastrique pourraient être recherchés pour confirmer l'origine de la pepsine : facteurs intrinsèques ou lipase gastrique.

« Lancet », vol. 359, 9 février 2002, p. 493

Dr Guy BENZADON

Source : lequotidiendumedecin.fr: 7063