Un rêve de spectateur

Publié le 28/02/2014

Article réservé aux abonnés

C’est une fête des sens, de la liberté des plaisirs que célèbre la Comédie-Française avec ce Songe d’une nuit d’été. Dans cette histoire où un simple filtre autorise tous les débordements d’amour, les changements de partenaires, le temps d’une nuit, la confusion des sentiments n’est plus seulement un débordement, à la manière d’une rivière qui sort de son lit, mais un principe de vie. Comédie la plus érotique de Shakespeare, son vocabulaire sans tabou, ses doubles sens enchantent le spectateur, même le plus blasé. Certes, l’intrigue est pour le moins touffue. Aux histoires d’amour où les serments d’amour n’engagent que ceux qui les croient se greffe une répétition d’amateurs jouant une tragédie en l'honneur de leur roi qui va se marier et des scènes de ménage entre Obéron, le roi des fées et sa femme. Alors, comme le théâtre se glisse dans toutes ces histoires, autant abolir les frontières entre la scène et la salle avec des comédiens qui s’installent comme s’ils étaient chez eux au milieu des spectateurs. C’est sans nul doute la partie la plus réussie de la mise en scène de Muriel Mayette-Holtz. Le théâtre dans le théâtre est souvent un bonheur pour le spectateur. Les scènes de pure fantaisie ne sont pas aussi réussies et tirent alors vers la farce sans pour autant faire rire. Reste le plaisir de revisiter ce chef d’œuvre baroque, construit à partir de multiples références empruntées à la littérature latine et grecque, mais si contemporain que ce songe est encore et toujours un rêve de spectateur.

Le songe d’une nuit d’été, William Shakespeare. Comédie-Française, jusqu’au 15 juin 2014.