Malgré l'amélioration de la prise en charge des diabétiques de type 2, les complications microvasculaires – rétinopathie, néphropathie et neuropathie – restent une préoccupation dans la mesure où les traitements actuels, même intensifs, ne parviennent pas à ramener le risque au niveau de celui des sujets non diabétiques. D'où l'intérêt porté à des approches qui, à l'image du fénofibrate, semblent avoir une action complémentaire.
LIÉES ÉTROITEMENT à l'ancienneté du diabète, les complications microvasculaires sont une source importante de handicap dans cette population. La rétinopathie, par exemple, est la principale cause de cécité chez les adultes dans les pays industrialisés et, si l'on se fie aux prévisions concernant l'explosion de l'incidence du diabète, le nombre de patients atteints de rétinopathie devrait doubler d'ici à 2025. Comme l'a souligné le Pr Paul Mitchell, ophtalmologiste à Sydney, nous sommes aujourd'hui confrontés à une carence thérapeutique qui impose de rechercher des solutions susceptibles de venir en complément des traitements actuels. C'est pour cette raison que, selon lui, les résultats obtenus avec le fénofibrate dans l'étude FIELD (Fenofibrate Intervention and Event Lowering in Diabetes) méritent une certaine attention.
Les premières données de cet essai qui porte sur près de 10 000 patients diabétiques ont été publiées en 2005 (1). Elles ont montré que le traitement par 200 mg/j de fénofibrate pendant une durée médiane de cinq ans s'est accompagné d'une diminution significative de 24 % des infarctus du myocarde non mortels (p = 0,01) et d'une augmentation non significative de 19 % des décès d'origine coronarienne (p = 0,22) comparativement au groupe placebo. Toutefois, sur le critère principal regroupant ces deux événements, la différence de 11 % en faveur du fénofibrate n'a pas atteint le seuil de significativité statistique (p = 0,16). En revanche, un certain nombre de résultats favorables ont été constatés sur les critères secondaires et tertiaires avec une baisse de 11 % (p = 0,035) de l'ensemble des événements cardio-vasculaires, de 21 % des revascularisations coronariennes (p = 0,003), de 18 % des hospitalisations pour syndrome coronaire aigu (p = 0,040), de 38 % des amputations non traumatiques (p = 0,011), de 14 % (p = 0,002) du nombre de sujets chez qui l'albuminurie avait augmentée (associée à une augmentation de 15 % du nombre de régressions) et de 31 % du nombre de séances de laser pour une rétinopathie (p = 0,0002).
Le Pr Anthony Keech est revenu sur cette étude en commentant des données nouvelles concernant les résultats obtenus en fonction de la présence ou de l'absence des différents éléments du syndrome métabolique et les infarctus silencieux. Il a ainsi souligné que les bénéfices du fénofibrate les plus nets ont été observés chez les sujets qui avaient une dyslipidémie marquée avec une triglycéridémie supérieure à 2,3 mmol/l et un HDL cholestérol bas, groupe dans lequel le nombre de sujets à traiter (NST) pendant cinq ans pour éviter un événement cardio-vasculaire n'est que de 23. Il a également rappelé que les infarctus silencieux sont fréquents chez les diabétiques, qu'ils partagent les mêmes facteurs de risque et qu'ils ont le même pronostic que les infarctus symptomatiques.
Un effet bénéfique sur la rétinopathie.
Le Pr Paul Mitchell a, quant à lui, commenté les résultats d'une sous-étude prévue dans le protocole (2) qui a précisé les effets bénéfiques sur la rétinopathie chez les 1 012 patients pour lesquels on disposait de photographies de la rétine prises au début de l'étude, après deux et cinq ans de traitement et à la fin de l'étude.
Les premiers résultats sur l'ensemble de la population avaient montré que le nombre de premières séances de laser (– 31 % ; p = 0,0002) et le nombre de traitements répétés (– 37 % ; p = 0,0022) avaient été significativement plus faibles dans le groupe fénofibrate (NST = 17 pour éviter un traitement par laser). La sous-étude spécifique a confirmé que le fénofibrate a freiné la progression de la rétinopathie lorsque des signes étaient déjà présents au début de l'étude. Une aggravation a été notée chez 3,1 % des patients du groupe traité contre 14,6 % dans le groupe placebo, soit une réduction très significativve de 79 % (p = 0,004).
D'après les communications des Prs Anthony Keech et Paul Mitchell (Sydney, Australie) lors d'un symposium organisé par Solvay Pharmaceuticals.
(1) Lancet 2005;366:1849-61.
(2) Lancet 2007;370:1687-97.
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