LE GROUPE Experts Acné, créé en 2002 par huit dermatologues afin de mieux prendre en charge les patients souffrant d’acné, a pour ambition de délivrer une information «qualitative et différenciée à haute valeur ajoutée scientifique avec lecture éclairée» afin de donner à leurs confrères «des outils pratiques pour la prise en charge du patient acnéique».
Le groupe s’est donc associé au Fil Santé Jeunes et a mené une enquête, « les adolescents et l’acné », qui permet de mieux cerner le ressenti des ados, qu’ils soient atteints ou indemnes, face à ces tenaces et disgracieux boutons.
Fil Santé Jeunes, service d’appel téléphonique anonyme et gratuit (0.800.235.236), destiné aux ados un peu perdus ou en réelle détresse, a été mis sur pied en 1995 par l’Ecole des parents, des éducateurs d’Ile-de-France, ainsi que par le ministère du Travail et des Affaires sociales. Depuis juin 2001, le site filsantejeunes.com complète le dispositif. Les écoutants – des professionnels salariés – répondent aux questions des jeunes, les informent et les orientent vers un psychologue ou un médecin, selon les besoins. Les appelants, des filles, en grande majorité (dans plus de 77 % des cas), ont 16 ans en moyenne, tandis que les garçons qui prennent contact sont plus âgés. Ce service connaît un grand succès : en 2005, il y a eu 1 693 appels par jour, dont 913 ont été traités et ont conduit à 145 entretiens personnels. Depuis sa création, 2,5 millions de pages ont été lues sur le site Internet. Les problèmes abordés concernent dans 38,3 % des cas la sexualité ; viennent ensuite les problèmes relationnels, les difficultés somatiques (18,9 % des appels), les difficultés psychologiques (14,7 %), enfin les problèmes juridiques et sociaux.
L’acné représente une de ces préoccupations de santé, aussi le groupe expert a-t-il proposé un questionnaire, via le Fil Santé, afin que les jeunes s’expriment librement sur le sujet, sans passer par le filtre des parents ou du médecin traitant. Sur les 8 723 appelants sollicités, 1 570 ont répondu favorablement à l’enquête. Ceux qui souffraient d’acné ont été répartis en trois groupes, selon l’intensité de l’affection : acné légère (51 % des cas), modérée (31,5 %) ou sévère (17,5 %). Des ados sans acné ont accepté, eux aussi, de donner leur sentiment sur cette maladie de peau, qu’ils jugent plus invalidante que ne l’estiment ceux qui sont atteints.
Les prescriptions suivies.
Bien que les garçons se préoccupent moins que les filles de leur problème de peau, globalement, les acnéiques se soignent selon une prescription médicale : c’est le cas de 33 % des jeunes avec une acné légère, de 44 % dans les cas modérés et de 59 % dans les cas sévères. S’ils n’ont pas pris l’initiative de consulter, c’est leur mère (dans 73 % des cas) qui les a incités à le faire, les copains ou l’infirmière scolaire tenant peu de place dans cette décision. Contrairement à une idée reçue, une forte majorité de jeunes (80 %) affirment adhérer à leurs traitements (crèmes et comprimés), qu’ils ne trouvent pas trop embêtants pour la moitié d’entre eux. Les plus gênés sont naturellement ceux qui sont victimes d’acné grave.
Il apparaît aussi, sans surprise, que l’acné, considérée souvent comme un petit bobo, gâche vraiment la vie des jeunes : 48 % se disent gênés dans leur vie quotidienne, ils se sentent mal dans leur peau (54 % des ados interrogés), sont angoissés, inquiets (56 %). Et, à l’heure des premiers émois, l’acné les empêche de mener une vie amoureuse satisfaisante (38 % des cas). Le retentissement psychologique de cette affection est tout à fait comparable à celui décrit par des jeunes souffrant de maladies chroniques, diabète insulinodépendant, cancer, épilepsie…
La prise en charge des patients acnéiques doit tenir compte de ce mal-être. A côté des traitements « lourds », vitamine A acide, antibiotique, il ne faut pas négliger les soins cosmétiques, les fards camouflages qui aident à mieux surmonter l’épreuve.
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