DE NOTRE CORRESPONDANT
TOUT A COMMENCÉ par un constat : les personnes à la retraite ne sont pas bien prises en charge quand elles éprouvent des difficultés à entendre. «Tant que nous sommes dans le monde du travail, une prise en charge est possible, note Jean-Luc Jahan, coordinateur du réseau Bien entendre. Mais après... A partir de 60ans, il n’existe pas de services spécialisés pour accompagner les personnes qui deviennent sourdes ou malentendantes.»
Et pourtant, plus on vieillit, moins on entend. En France, 8,67 % de la population est concernée par la surdité, quelle que soit son importance, selon une enquête réalisée par l’Insee en 1999*. Mais la surdité acquise touche plus particulièrement les plus de 60 ans. Les 50-59 ans sont plus de 10 % à connaître une déficience auditive, et la proportion passe à 20 % entre 60 et 69 ans, 30 % entre 70 et 79 ans, près de 47 % entre 80 et 89 ans et 64 % chez les 90 ans et plus.
Déclinés pour la Loire-Atlantique, département où travaille alors Jean-Luc Jahan en tant que chargé de mission au centre de ressources pour déficients sensoriels des Pays de la Loire, les chiffres de l’Insee confirment une seconde fois ce constat. Parmi les personnes de 60 ans ou plus qui vivent à domicile, près du quart se déclarent sourdes (0,6 %) ou malentendantes (23,2 %), soit 50 000 personnes.
«Si l’on n’y prend pas garde, il peut y avoir un glissement vers une marginalisation au sein même de la famille et, plus généralement, au sein de la société, prévient Jean-Luc Jahan. Sur l’insistance des proches, on se fait alors appareiller, mais si ce n’est pas réellement un projet de vie, les prothèses auditives restent souvent dans les tiroirs.»
Pour s’emparer du problème, le projet de créer un réseau de professionnels émerge alors avec l’appui de l’institut public de jeunes sourds et malentendants de la Persagotière, à Nantes, où Jean-Luc Jahan a mené toute sa carrière de « professeur de sourd ». Et en décembre 2004, le réseau est financé par l’union régionale des caisses de l’assurance-maladie (Urcam), l’agence régionale de l’hospitalisation et le conseil général de Loire-Atlantique.
Il n’y a pas que l’appareillage.
Depuis juin 2005, le réseau Bien entendre après 60 ans est opérationnel. L’ensemble des professionnels de santé et les structures qui sont en contact avec le monde de la surdité ou le public visé sont impliqués. Et les centres locaux d’information et de coordination gérontologique (Clic), les audioprothésistes, les gérontologues, les généralistes, les maisons de retraite sont partie prenante.
«Les généralistes ont un rôle important, car ils peuvent soulever le problème, remarque le coordinateur du réseau. Selon son premier diagnostic, le généraliste conseille ou non de consulter un ORL. La solution n’est pas toujours l’appareillage, d’autant que son coût est souvent un frein. La personne doit être au centre de la prise en charge. Si un ORL est consulté par l’aîné, il prescrit ou non un appareil auditif, et il peut orienter son patient vers un orthophoniste qui pourra l’accompagner pendant l’appareillage, lui apprendre la lecture labiale, effectuer une rééducation auditive...»
En un an, 170 particuliers l’ont contacté par téléphone. Parmi eux, 130 ont été reçus par l’équipe du réseau, à savoir le coordinateur, une orthophoniste et une assistante sociale. Preuve qu’il existait bien un besoin. D’ici à la fin de l’année, des antennes devraient être organisées, à Châteaubriant, Clisson, Ancenis, Saint-Nazaire et Machecoul. Enfin, en 2007, un projet d’extension du réseau sur la Vendée pourrait voir le jour.
Réseau Bien entendre après 60 ans, tél. 02.40.75.03.28, bienentendre@wanadoo.fr.
* Enquête Handicaps, incapacités, dépendances, réalisée auprès des personnes vivant en milieu ordinaire en 1999.
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