ÉLABORÉ au début des années 1980, l’implant cochléaire est une technique chirurgicale de réhabilitation des surdités comportant une partie interne implantée dans l’oreille et un appareillage externe. Ce dernier analyse le message sonore, le découpe en bandes fréquentielles puis transmet les informations à travers la peau par la partie interne, laquelle, munie d’un microprocesseur, va gérer les stimulations apportées sur chacune des vingt électrodes physiques et la centaine d’autres virtuelles. Ces électrodes, au contact du nerf auditif, vont alors chacune apporter des informations électriques à un certain nombre de fibres qui vont coder pour des fréquences différentes l’information envoyée au cerveau. Le dispositif est complexe et onéreux. Il permet de restaurer les capacités auditives chez les personnes atteintes de problèmes auditifs profonds ou sévères.
A ce jour, 4 000 Français bénéficient d‘implants cochléaires, dont 1 500 pour la seule Ile-de-France, où, chaque année, environ 170 sujets sont opérés dans l’un des cinq services de l’AP-HP habilités à prendre en charge les implantations cochléaires (Avicenne, Beaujon, Robert-Debré, Tenon-Saint-Antoine et Trousseau). Face à la croissance de la population et de ses besoins, ces services hospitaliers ont décidé de déléguer le suivi à long terme des implantés cochléaires à l’Institut francilien d’implantation cochléaire (Ific) qu’ils ont créé l’année dernière en s’unissant. «Quelques mois après la pose de l’implant cochléaire, la personne appareillée sort le plus souvent du programme rapproché de suivi hospitalier. L’implant cochléaire, c’est aussi un matériel électronique, sujet potentiel à panne, nécessitant en outre des améliorations techniques, informatiques récentes. Il fallait donc s’organiser pour assurer une réponse rapide à des demandes de prise en charge urgentes. Ce qui peut être difficile à insérer dans une activité quotidienne programmée hospitalière», souligne le Pr Bruno Frachet, président de l’Ific.
L’Institut a été doté d’un budget prévisionnel sur trois ans d’un million d’euros, financé par l’Agence régionale d’hospitalisation, l’Union régionale des caisses d’assurance-maladie, l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris ainsi que divers partenaires privés. Cette structure associative de type loi 1901 fonctionne selon le principe des réseaux ville-hôpital. «L’Ific est le seul réseau ville-hôpital piloté par des praticiens et non par des industriels, contribuant ainsi à la fonction générale du bien-dépenser», précise fièrement le Pr Frachet.
235 personnes accueillies à l’Ific depuis son ouverture.
L’équipe de l’Ific regroupe aujourd’hui treize professionnels, dont deux personnes à temps plein. Les onze personnes qui travaillent en vacations sont toutes issues des services hospitaliers référents et du secteur de ville. Le personnel de l’Ific se compose ainsi, selon les besoins, d’orthophonistes, praticiens régleurs, psychologues, assistantes sociales, psychologues, médecins et techniciens de recherche.
Avec près de 235 personnes accueillies depuis l’ouverture au public en juin 2005, le premier bilan de l’Ific apparaît «positif», selon sa directrice, le Dr Geneviève Monguillot. «Les activités de soins, évaluations orthophoniques, réglages et consultations psychologiques ont représenté cette année la majeure partie de notre action. Nous allons commencer à revoir nos premiers arrivants à l’occasion d’un bilan annuel. Au rayon des satisfactions, il y a aussi le service des pièces détachées des implants, auquel coopèrent grandement les fabricants. Ce service de proximité mis en place pour les utilisateurs leur facilite vraiment la vie de tous les jours.»
L’Ific, en tant que réseau ville-hôpital, a amorcé ces actions de coordination avec les praticiens de ville. Beaucoup ont déjà manifesté leur intérêt pour le réseau qui leur donne la possibilité d’accéder à des réunions d’information et de formation sur les implants.
L’Ific n’est pas seulement un centre technique de réglage et d’évaluation, c’est aussi un lieu de vie et de rencontres où les associations de patients et de parents d’enfants opérés ont pleinement leur place. Plusieurs d’entre elles y ont même une permanence. «Nous avons mis en place des groupes de parole animés par des psychologues et des orthophonistes. Les ateliers créés sur des thèmes comme l’entretien de l’implant, animés par des fabricants, ont rencontré aussi un gros succès. Nous sommes enfin très sollicités par les utilisateurs pour développer d’autres activités thérapeutiques. Nous réfléchissons par exemple à la mise en place d’ateliers théâtre et musique.»
Au-delà du suivi systématique des patients, l’Ific, c’est enfin un réseau d’informations scientifiques et thérapeutiques à des fins de recherche. «Les observations cliniques, cognitives, comportementales et technologiques sont mises en commun, quel que soit le service hospitalier d’origine. Cela va permettre de créer la première base de données concernant l’implant cochléaire en France et la deuxième en Europe après celle de Hanovre en Allemagne.»
Ific, 14, boulevard Montmartre, 75009 Paris, tél. 01.53.24.24.40 ou www.implant-ific.org.
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