Toulouse, 12-15 avril 2006
PLUSIEURS études de neuro- imagerie fonctionnelle ont montré que, au cours de la maladie d’Alzheimer débutante, il existait un déficit d’activation du réseau hippocampique lors de l’exécution de certaines tâches mnésiques. Il a cependant aussi été suggéré que ces patients étaient capables d’activer un réseau cortical approprié adaptatif. C. L. Grady a ainsi montré en Pet-scan que les patients souffrant de maladie d’Alzheimer mettaient en jeu ce réseau de façon bien plus importante que des sujets sains lors de la réalisation d’épreuves de mémoire sémantique et épisodique, cette activation étant corrélée aux performances cognitives. En 2005, J. M. Starr (1) a également mis en évidence que lors de l’exécution de tâches de mémoire épisodique « faciles », les malades avaient une activation de ce réseau similaire à celle observée chez des sujets sains soumis à des épreuves de mémoire épisodique « difficiles ». De même, lorsque les patients atteints de maladie d’Alzheimer effectuaient une tâche de mémoire épisodique qualifiée de « difficile », ils activaient ce réseau comme les sujets sains lors d’une épreuve de mémoire sémantique. Autrement dit, les patients recrutaient les mêmes régions que les témoins, mais pour des tâches plus faciles.
Ces études présentaient cependant quelques limites méthodologiques, notamment parce que les résultats ont été comptabilisés quelle qu’ait été l’efficacité de la tâche, c’est-à-dire indifféremment du fait qu’elle ait été bien ou mal réalisée.
J. Pariente et coll. ont donc mené un travail complémentaire à un stade de début de maladie d’Alzheimer (2). Douze patients (MMS > 20), non traités, ont été soumis à plusieurs tâches explorant la mémoire associative et comparés à 17 sujets témoins appariés selon l’âge et le niveau d’éducation. Patients et témoins ont été examinés en IRM fonctionnelle lors de l’exécution de ces épreuves avec un enregistrement des réponses et des temps de réaction. Lors d’une première phase d’étude, il s’agissait de mémoriser des associations visage-nom. Puis dans une seconde phase de test, les patients devaient reconnaître les noms associés aux visages (plusieurs noms leur étaient présentés pour chaque visage).
Une réserve de mémoire.
Globalement, les malades activaient moins que les sujets témoins les régions hippocampiques lors des phases d’encodage et de reconnaissance des paires de noms et de visages. En revanche, les patients hyperactivaient, par rapport aux sujets sains, un réseau cortical pariétofrontal bilatéral, cette suractivation étant corrélée au score cognitif. Pour J. Pariente et coll., ces résultats, joints aux données précédentes de la littérature, plaident pour la mise en jeu, au cours de la maladie d’Alzheimer débutante, d’un mécanisme cortical compensatoire du déclin cognitif qui pourrait peut-être, à l’avenir, pouvoir être modulé par une intervention thérapeutique.
D’après la communication de J. Pariente, CHU Purpan, Toulouse.
(1) Starr JM et al. Episodic and Semantic Memory Tasks Activate Different Brain Regions in Alzheimer Disease. « Neurology » 2005 ; 65 : 266-269.
(2) Pariente J et al. Alzheimer’s Patients Engage an Alternative Network During a Memory Task. « Ann Neurol » 2005 ; 58 : 870-879.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature