Le colloque Insuffisance rénale et santé publique, inaugurant la 1re Journée nationale de l'insuffisance rénale, le 22 septembre à la Sorbonne (Paris), a réuni patients et professionnels de santé à l'instigation de la Fédération nationale d'aide aux insuffisants rénaux (FNAIR). Le ministre délégué à la Santé, Bernard Kouchner, a ouvert cette rencontre en présentant son « plan d'action insuffisance rénale chronique 2002-2004 » en huit points, dont deux sont consacrés aux projets de recherche épidémiologique et clinique.
La création du Réseau épidémiologie et information en néphrologie (REIN) doit combler le déficit crucial d'information dans ce domaine. Les chiffres actuels sont à prendre avec précaution. Sur les probables 2,5 millions d'insuffisants rénaux chroniques, 45 000 sont en insuffisance rénale terminale dont 30 000 dialysés (en augmentation de 6 % par an) et 15 000 greffés. Sept mille patients par an passent au stade d'insuffisance rénale terminale. Quant à l'impact potentiel de la prévention, on estime à 200 000 les insuffisances rénales évitables et à 600 000 celles qui pourraient être retardées. REIN, doté d'un budget annuel de 8 MF, maillera tous les partenaires concernés par la constitution de ce véritable observatoire de l'insuffisance rénale en France.
Quatre objectifs de recherche clinique
Le deuxième volet du projet concerne le développement de la recherche clinique avec quatre objectifs : prévenir et freiner le développement de l'insuffisance rénale terminale, appliquer les progrès de la génétique dans certains cas très spécifiques, favoriser les essais thérapeutiques sur la néphro-cardioprotection chez l'insuffisant rénal et, enfin, prévenir les rejets de greffe. Toutes ces études trouvent leurs financements à travers le Programme hospitalier de recherche clinique (PHRC), l'Etablissement français des greffes et des actions conjointes avec l'INSERM.
La recherche fondamentale, comme l'a souligné le Pr Ronco (INSERM), apporte le concept de néphroprotection, entièrement issu des modèles expérimentaux : un capital néphronique initial à protéger dès avant la naissance, la possible prévention de l'autoaggravation de l'insuffisance rénale débutante, voire la réversibilité de la sclérose tissulaire.
Le Pr Fouque, de l'hôpital Edouard-Herriot (Lyon), a, quant à lui, présenté les progrès dans la prise en charge de l'insuffisance rénale grâce à la recherche clinique. La mise au point des modalités précises d'utilisation de l'érythropoïétine recombinante issue de l'ingénierie génétique a permis, en contrôlant l'anémie, de réduire la fréquence et les complications liées à la transfusion. L'utilisation des inhibiteurs de l'enzyme de conversion, la définition des objectifs tensionnels en fonction des profils d'insuffisants rénaux et le contrôle de la glycémie ont fait passer dans la pratique le concept de « cardio-néphroprotection ».
Tout reste à faire dans le domaine de la dénutrition chronique qui touche 30 % des patients dialysés : rôle et modalités de l'alimentation parentérale, études comparatives des méthodes de dialyse, passage à la dialyse quotidienne, etc.
Enfin, les patients, partenaires à part entière, se sont exprimés pour dire la difficulté d'assumer une telle maladie, formuler leurs immenses espoirs dans la recherche, faire part de leur satisfaction pour les progrès déjà accomplis. Ils savent que le rêve de la greffe de cellules souches, alternative à la transplantation rénale, n'est pas encore une réalité, mais que l'on peut entrevoir l'utilisation de ces cellules souches comme complément à cette stratégie de néphroprotection. Le réseau REIN les associe encore plus aux progrès actuels et à venir.
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