De notre correspondant
Les 18 équipes de transplantation ayant procédé à des greffes de main ces dernières années viennent de se réunir pour la première fois à Lyon, dans le cadre de la 33e Conférence internationale de transplantation parrainée par la Fondation Mérieux, à l'initiative de deux des précurseurs de ce type de transplantation, les Prs Jean-Michel Dubernard (hôpital Edouard-Herriot, Lyon), et Earl Owen (Sydney).
Elles vont maintenant s'organiser en société internationale spécialisée avec comité scientifique, qui tiendra chaque année son propre congrès mondial (2002 à Milan, 2003 à Canton, en Chine). Elles ont décidé de créer un registre mondial des greffes de tissus composites géré sur un site Internet, de telle sorte que le suivi des travaux des équipes, le devenir des patients mais aussi tous les aspects médicaux et chirurgicaux de ce type de greffes puissent être collationnés et accessibles à tous les spécialistes.
Venus à Lyon d'Autriche, des Etats-Unis, de Chine, de Malaisie, d'Italie et d'Australie, les quelque 70 médecins et chirurgiens des centres de transplantation qui ont pour point commun de s'être lancés depuis quelques années dans la greffe de main et d'avant-bras, ont donc pu, pour la première fois, confronter leurs expériences et débattre des aspects éthiques et psychologiques de ce type de greffes.
La deuxième journée a été consacrée à la présentation détaillée des 18 greffes de mains (14 patients receveurs), réalisées à ce jour dans le monde. Plusieurs sessions ont eu lieu en présence de deux patients greffés, venus témoigner à Lyon de leur expérience.
Denis Chatelier, le patient auquel l'équipe lyonnaise a greffé deux mains avec succès en janvier 2000, avait fait le déplacement depuis Rochefort, où il vit et travaille, pour montrer à l'ensemble des spécialistes les progrès étonnants de son double greffon : il peut faire à peu près tous les gestes qu'exige la vie quotidienne, y compris nouer un nœud de cravate, et il a retrouvé au niveau cutané une sensibilité « quasi normale », a-t-il confié au « Quotidien ».
Un deuxième patient greffé lui aussi des deux mains, M. Kent, policier autrichien spécialiste du déminage, opéré à la suite d'un accident par l'équipe du Pr Margrelter, d'Innsbruck, a retrouvé une activité professionnelle normale. Sa poignée de main est solide - nous pouvons l'attester - et il affirme jouir « de sensations cutanées qui vont en s'améliorant ».
Un vieux pari tenu
Fort du succès de cette réunion internationale, a expliqué au « Quotidien » le Pr Dubernard, la société internationale spécialisée en cours de création va s'ouvrir à la chirurgie plastique et réparatrice, spécialité susceptible de fournir à l'avenir de nombreuses indications pour ce type d'intervention.
Son équipe est prête à se lancer dans de nouvelles interventions similaires. Le centre de transplantation lyonnais vient d'ailleurs d'être doté d'un budget spécifique dans ce but au titre de la recherche clinique. Le Pr Dubernard est toujours aussi enthousiaste qu'il y a trois ans, en septembre 1998, lorsqu'il réalisait avec le Pr Earl Owen le pari que les deux confrères et amis avaient fait près de trente ans plus tôt, en 1970 à Lyon : parvenir un jour à greffer une main.
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