DES CHERCHEURS de l'université de Californie viennent de démontrer que, chez la souris, l'effet bénéfique de la restriction calorique sur l'espérance de vie et le vieillissement s'observe même si le régime est mis en place tard dans la vie. Les résultats de Dhahbi et coll. indiquent en outre que cet effet passe par des modifications de l'expression génétique qui s'observent dès les premières semaines de sous-alimentation et disparaissent lorsque les animaux reprennent une alimentation normale.
Dhahbi et coll. ont obtenu ces résultats en testant l'effet d'une restriction calorique sur des souris d'âge avancé. En pratique, les chercheurs ont utilisé 120 souris âgées de 19 mois. La moitié d'entre elles ont consommé un régime contrôle (93 kcal par semaine) et l'autre moitié, un régime hypocalorique (77 kcal par semaine pendant 15 jours, puis 52,2 kcal par semaine).
Mortalité trois fois plus basse.
Cette expérience leur a permis d'observer un effet significatif de la restriction calorique sur la survie des animaux. Il apparaît clairement lorsque les souris atteignent l'âge de 21 mois et dure pendant dix mois. A 21 mois, le taux de mortalité des animaux des deux groupes augmente brutalement. Cependant, les souris sous-alimentées montrent un taux de mortalité qui reste de l'ordre de trois fois inférieur à celui des animaux contrôles. Lorsque les souris atteignent l'âge de 31 mois, les taux de mortalité deviennent identiques dans les deux groupes. Mais les souris qui reçoivent le régime hypocalorique sont alors beaucoup plus nombreuses à être encore en vie.
Globalement, une restriction calorique commencée au dix-neuvième mois de la vie des animaux augmente de 42 % leur espérance de vie. En comparaison, lorsqu'une restriction calorique est imposée aux souris dès leur sevrage, leur espérance de vie est augmenté de 40 %. Ce résultat démontre donc que l'effet de la restriction calorique sur l'espérance de vie est indépendant de l'âge auquel le régime est commencé. De plus, il suggère que l'effet de ce régime est rapide : deux mois de sous-alimentation suffisent à l'obtention d'un effet sur l'espérance de vie.
La cause la plus fréquente de décès des souris âgées est l'apparition de tumeurs fatales, en particulier d'adénomes ou de carcinomes du foie ou des poumons. La restriction calorique ne diminue pas l'incidence de ces tumeurs, mais elle semble retarder leur apparition ou leur développement.
Pour tenter d'identifier le mécanisme à l'origine de cet effet, Dhahbi et coll. ont comparé l'expression des gènes hépatiques de souris soumises ou non à la restriction calorique. L'utilisation de puces à ADN leur a permis d'étudier simultanément l'expression de 2 194 gènes.
L'activité de 123 gènes modifiée.
La restriction calorique modifie l'activité de 6 % des gènes analysés (soit 123 gènes). Les modifications de l'expression génétique associées au régime interviennent très rapidement. Dès la deuxième semaine de sous-alimentation, l'activité de 61 des 123 gènes a changé. Les chercheurs ont également pu établir que ces modifications de l'expression génétique disparaissent lorsque les souris reprennent une alimentation normale. Huit semaines après la fin du régime hypocalorique, 90 % des gènes dont l'expression avait été modifiée par la restriction calorique montrent un niveau d'activité identique à celui observé chez les souris contrôles.
Ces modifications réversibles de l'expression génétique induites par la restriction calorique sont certainement à l'origine des effets physiologiques associés à ce régime.
J. M. Dhahbi et coll., « Proc Natl Acad Sci USA », édition en ligne avancée, à paraître prochainement sur www.pnas.org.
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