COMMENT ENVISAGER la consultation cardiologique sans imagerie, comme on l'a fait par le passé, si l'on se souvient que jusqu'en 1976, l'imagerie cardiologique reposait sur la seule radioscopie ?
Le problème de l'imagerie et de son évolution est en fait sous-tendu par des impératifs techniques. « Sur le seul plan des considérations techniques, rappelle le Dr Serge Kownator, cardiologue à Thionville (Moselle) et vice-président du Collège national des cardiologues français, Moore avait prédit en 1965, dans sa célèbre loi, que la vitesse des processeurs doublerait tous les dix-huit mois. » Les faits ne l'ont effectivement pas démenti : en 1971, on utilisait le processeur Intel 4004 et l'on comptait 2 200 transistors ; en 2001, le Pentium Pro prenait la relève, avec 5 millions de transistors et pour 2011, on prévoit 1 milliard de transistors et une fréquence de 10 GHz. « Parallèlement, reprend le Dr Kownator, le coût des capacités de stockage est divisé par 2 tous les dix-huit mois également. Et on considère que la validité de la loi de Moore ira jusqu'en 2050, avec un allongement vraisemblable de la période de doublement. »
Vers une modification des pratiques.
Au niveau des perspectives médico-techniques, une étude européenne a révélé que la demande en imagerie augmenterait de 200 % en dix ans. Dans un tel contexte, la consultation cardiologique est évidemment confrontée au problème de l'image : échocardiographie et écho-Doppler vasculaire, imagerie coronaire et vasculaire non invasive (scanner multibarrette, ARM [angiographie par résonance magnétique]). « Al'évidence, indique le Dr Kownator, l'échocardiographie va aller vers la miniaturisation des appareils, ce qui présente d'ailleurs plusieurs avantages parmi lesquels on notera un accroissement de la mobilité, une diminution de l'encombrement, une hausse sensible des performances et la multiplication des applications. »
Autre évolution attendue : l'écho 3D en temps réel. Pour Serge Kownator, elle ne révolutionne pas aujourd'hui les pratiques par manque de données scientifiques. Elle nécessite des études de validation et de quantification, mais sera cependant « la modalité universelle de demain », avec en corollaire une modification des pratiques.
L'Echo en 2010 pourrait impliquer différentes étapes :
- l'acquisition d'un volume 3D (par un technicien ?) ;
- la transmission du volume sur le réseau ;
- la coupe et l'analyse du volume par le médecin sur sa station de travail ;
- éventuellement, un complément de d'exploration par le médecin ;
- la conclusion personnalisée au patient ;
- et peut-être une «thérapeutique guidée ou véhiculée par les ultrasons ».
Parmi les autres méthodes non invasives, on peut mentionner le scanner multibarrette (16, 32, 64...) qui valorise l'imagerie vasculaire même en cas de calcification, mais tend à surévaluer les sténoses, l'IRM pour les études morphologique et fonctionnelle, ou encore l'ARM avec injection de produits de contraste (gadolinium). « Pour autant, souligne Serge Kownator, on risque d'être limité par la disponibilité et le coût de ces méthodes. »
La confidentialité garantie.
Enfin, sur le plan des perspectives pratiques, l'imagerie cardio-vasculaire implique naturellement une intensification de la communication, avec la mise en commun des dossiers d'image et la transmission en temps réel des données d'examen vers un serveur. « Cette transmission peut se faire par réseaux filaires, réseaux sans fil ou tout simplement Internet, explique le Dr Kownator, mais, dans tous les cas, les problèmes de confidentialité devraient être résolus. »
Enfin, ce tour d'horizon serait incomplet si l'on ne signalait d'autres méthodes en cours d'installation comme le « e-learning », la « e-expertise », l'imagerie moléculaire, la tomographie de cohérence optique ; etc.
D'après un entretien avec le Dr Serge Kownator, Thionville.
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