Le gouvernement a ressorti de son chapeau l'idée d'un référendum pour la Corse, dont le projet a germé il y a longtemps et qui n'en apparaît pas moins comme une bonne solution démocratique.
En outre, le Premier ministre appuie son argumentation en faveur du référendum sur la loi de décentralisation, ce qui améliore le projet de consultation. Loin de faire de la Corse un cas d'exception qui aurait enthousiasmé les nationalistes et enragé les autres, il s'apprête à faire de la Corse un modèle de réforme étatique.
En Corse, l'extrémisme est d'autant plus violent qu'il ne rassemble que des groupuscules et que la grande majorité des habitants se sentent français jusqu'au bout des ongles. Mais la loi du silence et la peur qu'elle entraîne font apparaître les indépendantistes comme une force essentielle dans l'évolution politique de l'île. C'est si vrai que tous les gouvernements, de droite ou de gauche, sauf des ministres irréductibles comme Charles Pasqua et Jean-Pierre Chevènement, ont pris en compte le nationalisme corse. De toute façon, les attentats meurtriers ou non, entretiennent le désordre auquel l'Etat a le devoir de mettre un terme.
Dans ces conditions, le référendum a-t-il la moindre utilité ? Comme il est associé à un effort de décentralisation, donc à davantage d'autonomie pour la Corse, le gouvernement nourrit l'espoir qu'il ne sera pas rejeté par tous les nationalistes. De son côté, M. Pasqua affirme qu'aucun geste politique qui n'aboutirait pas à l'indépendance de la Corse ne satisfera les indépendantistes et que, même si le référendum réaffirme l'appartenance de la Corse à la France, la violence continuera.
En conséquence, il est bien peu probable que les Corses rejettent le projet du gouvernement, qui ne court pas un grand risque de ce côté ; il n'est pas certain, en revanche, qu'il obtiendra l'aval des nationalistes. Comme, en outre, les conflits de tendance sont multiples chez les extrémistes, M. Raffarin n'a pas la garantie que le référendum mettra un terme à une crise qui a déjà épuisé des trésors d'imagination et la patience, non seulement des Français, mais des Français corses.
On n'en souhaite pas moins le succès d'une démarche politique, à la fois raisonnable et pragmatique. Pour une grande part, en effet, le problème corse est plus artificiel que réel et plus lié à des fantasmes libertaires qu'à « l'injustice » dont se plaignent les indépendantistes.
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