L'équipe de Pier Vienzo Piazza (INSERM U588) a découvert chez le rongeur le rôle d'un récepteur aux hormones glucocorticoïdes dans la sensibilisation comportementale et moléculaire aux effets de la cocaïne. En l'absence de ce récepteur (GR) ou de son substrat, ou bien encore lorsqu'il est bloqué par une drogue antagoniste, l'appétence des animaux pour la drogue diminue. C'est pourquoi les auteurs suggèrent que le GR soit utilisé comme cible pour le traitement de la dépendance à la cocaïne.
Il n'existe actuellement aucun traitement efficace permettant le sevrage des cocaïnomanes. Les molécules connues pour bloquer les effets de la cocaïne (antagonistes dopaminergiques) sont très mal tolérées par les toxicomanes et ne permettent pas le traitement de la dépendance. Une thérapie efficace contre la dépendance à la cocaïne serait d'administrer une molécule qui ne bloque pas l'effet de la cocaïne, mais réduise l'envie du toxicomane de consommer cette drogue.
C'est précisément l'effet qu'ont observé Deroche-Gamonet et coll., d'une part, chez des souris génétiquement modifiées n'exprimant plus le récepteur GR dans leur cerveau et, d'autre part, chez des rats ne sécrétant pas de glucocorticoïdes endogènes : lorsque ces animaux sont placés dans une cage munie d'un dispositif leur permettant d'obtenir de la cocaïne à volonté, ils consomment moins de drogue que des rongeurs contrôles. Pour aller plus loin, les chercheurs ont étudié l'effet d'un antagoniste de GR sur des rats non génétiquement modifiés. Là encore, ils ont pu constater une baisse significative de l'appétence et de la motivation des animaux à consommer la cocaïne mise à leur disposition.
Hélas, le seul antagoniste du GR actuellement disponible est la mifépristone qui agit également sur les récepteurs à la progestérone. Si son utilisation chez le rat mâle n'a pas posé de problème, la poursuite des travaux de Deroche-Gamonet et coll. chez l'humain nécessite la découverte d'autres molécules capables de bloquer le récepteur GR.
V. Deroche-Gamonet et coll., « The Journal of Neuroscience » du 1er juin 2003.
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