Les estrogènes sont connus pour influencer, chez le nouveau-né, le développement du cerveau et, chez l'adulte, la neurogenèse et la fonction de transmission neuronale. Il est bien établi aussi que les estrogènes influencent divers aspects de la fonction mentale, comme la cognition, l'humeur, la libido, et l'agressivité.
Les actions des estrogènes sont médiées par deux types de récepteurs estrogéniques (RE), alpha et bêta ; tous deux sont largement distribués dans le cerveau. Toutefois, le RE alpha prédomine dans l'hypothalamus et l'amygdale, ce qui fait de lui un médiateur important des effets des estrogènes sur les comportements émotionnel et reproducteur.
Le récepteur alpha dans l'hypothalamus et l'amygdale
Le gène du RE alpha est situé sur le chromosome 6. Dans la région de son promoteur, une répétition TA polymorphique a été associée à la maladie coronarienne chez l'homme, à la densité osseuse et à l'endométriose chez la femme.
Peu d'études ont recherché une association éventuelle entre ce polymorphisme RE alpha et le comportement. Toutefois, une étude a signalé une association entre la longueur de cette répétition et l'anxiété chez l'homme.
Westberg et coll., de l'université Göteborg en Suède, ont voulu en savoir plus sur l'influence éventuelle de ce polymorphisme sur le comportement. Pour cela, ils ont étudié 172 femmes de même âge (42 ans). Ces femmes ont été évaluées par les échelles Karolinska de personnalité. Ce test est composé de 135 items, qui forment 15 sous-échelles, et mesurent des traits de personnalité stable. Ces sous-échelles sont classées en quatre facteurs couvrant différentes dimensions du tempérament : « tendance à la névrose », « tendance à la psychose », « non-conformité » et « extraversion ».
A partir de l'ADN des femmes, isolé dans un prélèvement sanguin, les chercheurs ont amplifié et examiné la répétition TA du gène RE alpha. Partant de l'hypothèse qu'il existe une relation entre la longueur d'un polymorphisme de répétition et la fonction du gène, les chercheurs ont divisé les allèles en deux groupes : les allèles longs et les allèles courts.
Non-conformité, tendance à la psychose
Résultat : des associations significatives ont été trouvées entre ce polymorphisme et deux facteurs, celui de « non-conformité » et celui de « tendance à la psychose ». Une analyse plus détaillée du facteur de « non-conformité », révèle que, entre ses quatre sous-échelles (attrait social, agression indirecte, agression verbale, et irritabilité), seules l'agression indirecte et l'irritabilité sont associées au polymorphisme. Au sein du facteur de « tendance à la psychose », la sous-échelle « suspicion » reste associée au polymorphisme.
Il est à noter que, contrairement à l'étude chez l'homme, où les allèles longs sont associés à l'anxiété, il est observé chez ces femmes une association entre les allèles courts et l'anxiété. Cela est en accord avec des études chez l'animal qui suggèrent que le RE alpha peut influencer le même type de comportement chez les hommes et les femmes, mais dans une direction opposée. Ainsi, chez la souris knock-out en RE alpha, le mâle est moins agressif, et la femelle plus agressive, comparé aux souris normales.
Les chercheurs espèrent maintenant éclaircir la relation entre la longueur de la répétition et l'activité du récepteur, afin de mieux comprendre comment le polymorphisme pourrait influencer la fonction cérébrale.
« Molecular Psychiatry », 2003, vol. 8, n° 1, pp. 118-122.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature