Les résultats des chercheurs français du CEA à Fontenay-aux-Roses (Jean-Michel Peyrin, Stéphane Haik, et Corinne Lasmezas, service de neurovirologie) ont permis d'identifier une étape clef du cycle de la vie du PrP normal. Ils montrent que le récepteur de la laminine (RL) permet la liaison et l'internalisation du PrP dans la cellule nerveuse. « Sur des neurones en culture, on ajoute de la protéine prion normale recombinante. On constate qu'elle se lie par le RL. Si on ajoute des anticorps bloquant le récepteur, on empêche la liaison et l'entrée du PrP dans la cellule », explique Corinne Lasmezas. S'il n'est peut être pas l'unique récepteur de liaison, le RL semble en être le principal, car son blocage empêche toute liaison de PrP.
L'expérience a été reproduite sur des lignées cellulaires humaines avec des protéines prion recombinantes normales. Mais actuellement on n'est pas capable de reproduire les molécules anormales, infectantes (PrPsc), et l'expérience ne présume pas de leur sort par rapport au récepteur RL. Toutefois, comme on sait que la présence de la forme normale du PrP est indispensable pour le développement des maladies à prion, cette découverte a tout de même des implications non négligeables pour la recherche d'une voie thérapeutique, en s'intéressant à la liaison du PrP au RL. En théorie pour le moment tout au moins, car on ne détient pas de système bloquant sans dommage le RL, donc une partie du métabolisme de la laminine, précise C. Lasmezas.
La laminine est une glycoprotéine présente en quantité dans la matrice extracellulaire. Elle sert à la cohésion et aux communications de la cellule avec son environnement, ce qui revient à dire qu'elle a des fonctions très importantes. La laminine permet la cohésion tissulaire (elle est indispensable à l'organisation correcte des épithéliums par exemple), la croissance organisée des neurones, etc. Dans les cancers, lorsque les cellules poussent de façon anarchique, il existe une surexpression du RL.
Les sites spécifiques de liaison entre PrP et le récepteur cellulaire de la laminine ont été identifiés. Ils sont localisés, d'une part, dans la partie centrale de la PrP (structurée en hélices alpha et feuillets bêta) au niveau d'une zone qui interagit directement avec le récepteur ; d'autre part, dans l'extrémité dite flexible du PrP qui contribue à une liaison indirecte au récepteur par l'intermédiaire d'autres molécules présentes à la surface des cellules. Ces travaux se sont appuyés sur les recherches d'une équipe allemande (publiées en 1997 dans « Nature Medicine »), qui avait montré l'interaction de la protéine PrP avec le récepteur à la laminine, présent à la surface des cellules.
« Embo Journal », 1er novembre 2001.
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