Le cycle veille-sommeil de l’organisme est contrôlé par la mélatonine, hormone produite par la glande pinéale en l’absence de lumière. La mélatonine cible deux principaux récepteurs (couplés à la protéine G), MT1 et MT2.
Une étude d’association génomique en 2008 avait révélé que des variations communes du gène MT2 élevaient très légèrement le risque de diabète de type 2 (OR de 1,1 à 1,15).
Afin d’identifier de rares variants du gène MT2 qui pourraient éventuellement influencer plus fortement le risque de diabète, une équipe internationale dirigée par les Drs Ralf Jockers (INSERM, Institut Cochin, Paris) et Philippe Froguel (CNRS, Université de Lille ; Imperial College London, Londres), a séquencé à nouveau le gène MT2 chez plus de 7 600 Européens, dont 2 186 patients affectés d’un diabète de type 2.
Les chercheurs ont identifié 40 variants associés au diabète de type 2 (DT2), dont 36 variants très rares.
Une étude fonctionnelle a mis en évidence 4 variants très rares du gène MT2 associés à une perte complète de la fixation et du signal mélatonine.
Parmi les variants très rares, seuls les 13 variants associes a une perte de fonction partielle ou totale (mais non les variants neutres) contribuaient au DT2, multipliant pas presque 6 le risque de DT2.
Enfin, le génotypage des 4 variants entraînant une perte de fonction complète, chez près de 12 000 autres individus, a confirmé leur association au risque de DT2 (OR = 3,88).
« Cette étude permet pour la première fois d’établir un lien direct et fonctionnel entre la voie de la mélatonine et le diabète chez l’homme, explique au "Quotidien" le Dr Ralf Jockers (INSERM, Institut Cochin, Paris). On peut imaginer que des médicaments déjà sur le marché et activant les récepteurs MT2 aident à une stimulation plus soutenue chez les patients ayant une mutation conduisant à la perte de fonction partielle. »
L’étude va justifier un suivi des patients diabétiques par rapport à leur rythme circadien endogène, leur rythme veille/sommeil et leur prise d’alimentation. Une meilleure compréhension de ces paramètres pourrait conduire à des conseils plus adéquats pour mieux maîtriser leur maladie.
Bonnefond et coll. « Nature Genetics » 29 janvier 2012.
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