Le Groupe sénatorial d'études sur les problématiques de l'enfance et de l'adolescence, présidé par Jean-Louis Lorrain (UMP, Haut-Rhin), rend public un rapport intitulé « Adolescence : comment en sortir ? Les enjeux d'une politique publique ».
Pour la Haute Assemblée, la médecine scolaire doit jouer un rôle dans l'évolution des adolescents, comme le préconise Claire Brisset, Défenseure des enfants, dans son rapport annuel 2002.
En effet, certains problèmes ne peuvent être décelés qu'à cet âge intermédiaire. C'est le cas de comportements alimentaires singuliers, de type anorexie, du trouble panique ou encore de la consommation de substances psychoactives, « qui justifient un examen systématique des jeunes avant la fin de la scolarité obligatoire ». Une telle mesure permettrait de développer, en outre, « des outils d'intervention précoce pour éviter qu'un adolescent en situation de malaise ne s'enferme dans un comportement pathologique ». Les médecins, les psychologues et les infirmières scolaires de proximité ont « un rôle primordial à jouer dans le repérage et le signalement des comportements problématiques », insiste Jean-Louis Lorrain.
C'est pourquoi la formation insuffisante des psychologues (quatre ans au lieu de cinq) et leur absence dans l'enseignement secondaire sont, selon lui, « tout à fait regrettables ».
Xavier Darcos, chargé de l'Enseignement scolaire auprès de Luc Ferry, a fait savoir, lors du conseil des ministres du 26 février, que le gouvernement entendait donner « une nouvelle impulsion à la politique de santé en faveur des élèves ». Il s'agit de repérer et de suivre les problèmes de santé, y compris les souffrances psychiques, et de favoriser l'accès et le recours aux soins ; d'assumer, tout au long de la scolarité, la continuité des actions de prévention et d'éducation à la santé et d'adapter leurs objectifs aux enjeux actuels ; et de mobiliser les efforts autour du thème de la santé des enfants dans le cadre général d'une politique de santé publique.
Pour des soins appropriés et un suivi efficace, il faut aussi, selon Jean-Louis Lorrain, réhabiliter la pédopsychiatrie. Or, la profession est en crise. Sur 2 000 postes de praticiens hospitaliers, 600 ne sont pas pourvus, au point que la France est « obligée de former très rapidement des généralistes et de recruter des praticiens étrangers ». D'autre part, « la présence de pédopsychiatres est largement insuffisante en milieu pénitentiaire, alors que les adolescents concernés en auraient réellement besoin ».
Formation continue
Dans le même temps, l'effort doit être porté sur la recherche, notamment la réalisation d'études en psychiatrie génétique, comme le préconise l'INSERM dans son rapport paru en février 2003. Et il faut promouvoir la formation continue des pédopsychiatres quant aux connaissances nouvelles sur les troubles mentaux de l'adolescent. « Mais, redonner sa place à la pédopsychiatrie signifie former aussi les professionnels en contact avec la jeunesse en crise aux notions essentielles de la discipline, afin qu'ils puissent assurer au mieux leurs fonctions de prévention et d'encadrement », insistent les sénateurs.
Quant à la prise en charge des jeunes en crise, elle est jugée « problématique », aujourd'hui, car les structures ne prennent en compte qu'un aspect du problème : médical, social, psychologique, judiciaire ou scolaire. Hormis les maisons de l'adolescent, trop rares à ce jour, il n'y a ni dispensaire, ni maison de justice, ni hôpital psychiatrique qui proposent une prise en charge pluridisciplinaire des 13-20 ans en souffrance psychologique, somatique et psychiatrique.
Jean-Louis Lorrain met en garde les pouvoirs publics contre toute velléité de médicalisation et de judiciarisation à outrance. Il convient, souligne le sénateur, de signifier aux parents qu'ils sont responsables de l'éducation de leur enfant. Pour l'heure, le rapport sénatorial devrait inspirer la Conférence de la famille du printemps 2004 qui sera consacrée aux adolescents, ainsi que les « Rencontres de l'adolescence » qui se tiendront à l'automne prochain.
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