C' EST pratiquement une évaluation clinique des différentes techniques chirurgicales qu'a réalisée le collectif de spécialistes universitaires et libéraux dans un rapport présenté par Jean-Jacques Saragoussi (Hôtel-Dieu, Paris) et intitulé « La chirurgie réfractive est-elle une nouvelle chirurgie ? ». En définissant les meilleures indications et en précisant la nature des risques avec leur incidence, ce livre collectif apporte une vision réaliste sur une chirurgie qui soulève beaucoup d'espoirs chez les professionnels et dans le public. De plus, il complète opportunément le rapport publié au cours de l'année 2000 par l'ANAES.
Des demandes accrues des patients
La chirurgie de la réfraction a pour but de corriger les défauts de vision (amétropies) en modifiant le pouvoir de réfraction de l'il. Ses principes, connus depuis plus d'un siècle, sont fondés sur un remodelage de la forme de la cornée par sculpture (kératomileusis), par incisions de relaxation tissulaire (kératotomie radiaire) ou encore par pose d'une lentille intraoculaire réfractive à la place du cristallin.
L'apparition des lasers et des microkératomes, conjuguée à une explosion des demandes de patients, a fait progresser très vite les techniques et les indications. Si la kératotomie radiaire a été abandonnée depuis 1995, en raison des tendances à l'hypermétropisation progressive et à l'instabilité visuelle, le laser à excimères est utilisé avec succès depuis les années quatre-vingt-dix, selon deux techniques distinctes et complémentaires.
Le Lasik, qui sculpte les couches profondes de la cornée, couvre 90 % des indications chirurgicales en cas de myopie jusqu'à - 9 à - 12 dioptries, d'hypermétropie jusqu'à + 5 dioptries et d'astigmatisme jusqu'à + 4 dioptries.
La photokéractectomie réfractive (PKR) qui envoie le faisceau directement sur les couches cornéennes superficielles, s'adresse aux contre-indications du Lasik et aux défauts de vision faibles ou modérés. L'incidence des complications qui peuvent retentir sur la qualité des fonctions visuelles (acuité, sensibilité aux contrastes, résistance à l'éblouissement), dans le cadre de ces traitements au laser, est actuellement évaluée à moins de 1 %.
Introduites dans la chambre antérieure de l'il devant l'iris ou dans la chambre postérieure devant le cristallin, les lentilles synthétiques réfractives ont pour finalité de corriger la myopie ou l'hypermétropie avec des limites d'indications plus larges que la photo-ablation au laser et surtout l'avantage d'être réversibles. Même si leur tolérance tissulaire, incertaine à long terme, nécessite une surveillance régulière et limite leurs applications, les progrès constants dans l'adaptation aux variations anatomiques individuelles et dans l'utilisation des explorations complémentaires vont favoriser leur développement.
Lorsqu'on sait que 50 % des moins de 50 ans présentent des amétropies pouvant justifier une correction optique (lunettes ou lentilles de contact) et que 100 %, dès 45 ans, manifestent une presbytie progressive, on imagine tout l'avenir de cette chirurgie en tant que solution alternative aux moyens de correction traditionnels.
107e Congrès de la Société française d'ophtalmologie, du 5 au 9 mai 2011, Paris.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature