Pourquoi la France s'en est-elle prise aux moudjahidines du peuple, opposition iranienne basée à Auvers-sur-Oise depuis près de vingt ans et qui n'a jamais représenté la moindre menace pour la sécurité du pays ?
Le ministre de l'Intérieur, Nicolas Sarkozy, a appuyé son action (visite musclée dans les locaux des moudjahidines, interpellations, saisie d'une somme d'argent élevée) sur le fait que l'opposition iranienne avait l'intention de créer sa base arrière en France et projetait de commettre des attentats contre les intérêts iraniens à l'étranger. En outre, cette faction a été inscrite sur la liste européenne des mouvements terroristes à combattre.
En tout cas, le gouvernement iranien, confronté à un peuple qui réclame ses libertés, a approuvé chaleureusement le geste de la France. Laquelle peut justifier son intervention par la lutte antiterroriste, même quand les terroristes sont aussi ce qu'il est convenu d'appeler des freedom fighters, des combattants pour la liberté.
On est quand même fondé à croire que la sécurité, dans cette affaire, n'est pas l'enjeu et qu'il s'agit de donner un gage au pouvoir iranien dans un but moins mercantile que diplomatique. En effet, l'Iran s'oppose aux visites surprises de l'Agence internationale de l'énergie atomique qui soupçonne Téhéran de construire des engins nucléaires. En échange du bâillonnement de l'opposition iranienne à l'étranger, Paris espère peut-être convaincre les mollahs qu'ils doivent accepter ces visites.
Le plus curieux est que les Américains, eux aussi, ont approuvé le gouvernement français, alors que les projets nucléaires de l'Iran provoquent une forte tension entre les Etats-Unis et les ayatollahs. Quand elle a envahi l'Irak, l'armée américaine a combattu les moudjahidines iraniens que Saddam Hussein avait hébergés. Mais plus récemment, elle a conclu un marché avec eux et ses relations avec les représentants de l'opposition iranienne en Irak sont bonnes.
D'aucuns ont donc expliqué l'assaut de nos policiers contre Auvers comme un coup de griffe à l'Amérique, dans le contexte toujours très contrasté des relations entre Paris et Washington. Mais dans ce cas, pourquoi les Etats-Unis ont-ils donné leur bénédiction à l'opération ?
Ce que Français et Américains savent avec certitude, c'est que le régime islamiste de Téhéran est fragilisé par la montée des revendications et qu'il n'est pas impossible qu'il soit renversé un jour. Ce qui signifierait que l'opposition basée à l'étranger a moins d'importance qu'autrefois et que, pour en finir avec les ayatollahs, personne n'a besoin d'une nouvelle guerre, ni même d'une opposition armée.
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