EN FRANCE, 800 000 personnes souffrent de la maladie d’Alzheimer. Parmi elles, beaucoup présentent des risques de chute nocturne, en raison de leur désorientation. Les barrières placées sur les lits ne suffisent pas à supprimer totalement le risque.
Une PME nordiste a mis au point, en collaboration avec le centre hospitalier de Roubaix, un « pyjadrap », sorte de grande gigoteuse en coton qui permet au malade de rester libre de ses mouvements tout en étant retenu à son lit par des sangles. Des fermetures Eclair latérales permettent au soignant de poser une perfusion ou de changer la culotte sans retirer le dispositif de couchage.
«Le problème des chutes est récurrent en gériatrie: les patients agités ou désorientés tombent fréquemment de leur lit et se font des fractures. Le système des barrières n’est pas satisfaisant. Quant aux systèmes de contention, ils peuvent provoquer des blessures dues au frottement», constate le Dr Fred-Erick Camus, gériatre au centre hospitalier de Roubaix, qui a eu l’idée de cette gigoteuse adaptée aux personnes âgées. «Le vieillard est un bébé à l’envers: beaucoup de solutions utilisées en pédiatrie peuvent s’appliquer à la gériatrie», souligne cet ancien généraliste.
Dérivé de la turbulette, le pyjadrap fabriqué par la société roubaisienne Selfia (qui produit déjà une ligne de vêtements pour personnes à mobilité réduite) propose une contention souple qui respecte la position de sommeil du patient tout en assurant sa sécurité. Testé pendant un an à la résidence de la Fraternité, à Roubaix, une unité de 120 lits dépendant du CH, il a fait ses preuves auprès des patients, mais aussi du personnel qui voit ses gestes facilités.
Utilisé dans 150 établissements de soins (essentiellement localisés en Nord - Pas-de-Calais), le pyjadrap n’est pas encore pris en charge par la Sécurité sociale. Actuellement, ce sont donc les familles qui doivent financer l’achat de ce matériel (vendu 116 euros TTC). S’il obtient son référencement, il relèvera du budget grande dépendance, ce qui permettra une prise en charge complète.
Sa diffusion n’est pas limitée aux services de gériatrie : nombre de familles qui gardent leur malade à domicile retrouveraient une certaine sérénité grâce à cet équipement. «On parle souvent de l’épuisement de l’aidant… S’il pouvait passer des nuits correctes avec ce système, beaucoup de placements en service de gériatrie seraient évités, confie le Dr Fred-Erick Camus. La plupart des entrées en établissements sont dues aux nuits que l’entourage ne peut plus gérer. Attacher un parent ou un conjoint semble inconcevable. Le pyjadrap offre une alternative digne.»
Selfia, 139, rue des Arts, 59100 Roubaix, tél. 03.20.76.81.19.
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