La décision de Lutte ouvrière (LO) et de la Ligue communiste révolutionnaire (LCR) de former un front commun anticapitaliste capable de compter aux élections régionales et européennes de l'an prochain n'aura qu'un effet important : il privera la gauche des voix susceptibles de lui assurer un succès.
Certes, la droite n'en mène pas large, dont les dirigeants sont en chute libre dans les sondages (Jean-Pierre Raffarin, en particulier), et qui se heurte à la rébellion de François Bayrou, leader de l'UDF. Mais, d'une part, les sondages indiquent que les Français, largement déçus par la droite, ne considèrent pas la gauche comme une force politique alternative ; et, d'autre part, l'UDF distille un poison (celui de la division) beaucoup moins nocif que celui de l'extrême gauche, qui représenterait aujourd'hui 10 % de l'électorat et aura donc un rôle décisif dans des élections au scrutin proportionnel.
La leçon est dure pour les dirigeants du PS qui ont cru bon, au lendemain de l'échec de 2002, de ramer en direction des déçus du socialisme et de ceux qui avaient donné leurs voix à Olivier Besancenot en particulier et aux trotskistes en général. Non seulement ils ont pris leurs distances par rapport à la social-démocratie - tout au moins au niveau du discours -, mais ils ont renforcé en France l'idée qu'il y a un salut en dehors de l'économie de marché.
Comme l'extrême droite n'a renoncé à aucune de ses ambitions et qu'elle compte bien sur la proportionnelle pour retrouver des couleurs, il ne serait pas impossible que les extrêmes de gauche et de droite réunissent près d'un tiers de l'électorat ; et même plus, si on estime que les Verts et le PC ne sont pas tellement différents, en définitive, de LO et de la LCR.
Voilà où réside le danger : dans une concentration des extrêmes qui ne leur donnera pas le pouvoir mais les encouragera à multiplier les provocations postélectorales. Si les scores de l'extrême gauche et du FN sont relativement bons, ils multiplieront les attaques contre la politique économique et sociale du gouvernement. Le gouvernement semble avoir passé le cap de la rentrée sans trop de dommages, sinon sa baisse de popularité : l'an prochain, après les élections, si l'économie n'a pas redémarré, il sera confronté à un désordre encore plus grand.
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