ENSEIGNANTS ET INTERNES de médecine générale, soutenus par les étudiants, manifestaient le 7 décembre dans les rues de la capitale pour réclamer la création effective de la filière universitaire de leur spécialité. Ils ont aujourd’hui remisé les pancartes et sont à pied d’oeuvre pour mettre en place dès 2007 le stage de médecine générale pendant le 2e cycle des études de médecine. Réclamé depuis plusieurs années par les défenseurs de la spécialité, ce stage, inscrit une première fois dans la loi en 1997 mais jamais appliqué, a fait l’objet d’un nouveau décret paru au « Journal officiel » du 25 novembre 2006. La loi prévoit que les étudiants de Dcem3 et de Dcem 4 effectuent, dès l’année universitaire 2006-2007, un stage chez un ou des maîtres de stage agréés. Ce texte n’a pas pleinement satisfait enseignants et internes qui réclament davantage de moyens que l’enveloppe de 5 millions d’euros allouée par le gouvernement pour ouvrir ce stage dans toutes les facultés.
Sous la houlette du Cnge et du Snemg (1), les enseignants ont élaboré avec un groupe de professeurs et de maîtres de conférence associés, les étudiants (Anemf) et les internes de médecine générale (Isnar-IMG) un projet de stage qu’ils ont remis au gouvernement. Ce document d’une vingtaine de pages constitue le fruit d’un groupe de travail qui s’est penché depuis un an sur le stage de 2e cycle tel qu’il est attendu par les différents acteurs. «Il était important de nous associer aux étudiants et aux internes pour monter ce projet car ce stage a pour objectif de faire naître des vocations», commente le Dr Christian Ghasarossian, maître de conférence à Paris-V et responsable de ce projet pour le Cnge. L’absence de contact avec la médecine générale ambulatoire pendant les deux premiers cycles de la formation est considéré par les experts en démographie comme un élément qui ne permet pas un choix éclairé de leur future activité.
Le groupe de travail estime donc qu’un stage de médecine d’une durée de deux à quatre mois doit être organisé en Dcem2 ou Dcem3. Il souhaite qu’il devienne obligatoire dans le cursus des étudiants, comme ceux de pédiatrie, de gynécologie-obstétrique, de chirurgie, de médecine interne ou de gériatrie, que les internes doivent impérativement réaliser pendant leur formation pour valider leur maquette pédagogique.
Grosse incertitude pour 2007.
Les auteurs du projet soulignent que la mise en place du stage ne pourra se faire que de manière progressive pour l’ensemble de la cohorte des étudiants du second cycle car le nombre de médecins généralistes formés à la fonction de maître de stage (ECA) est pour l’heure insuffisant.
Plusieurs membres du groupe de travail émettent des réserves sur l’acceptation des maîtres de stage «sans reconnaissance du statut universitaire d’enseignant clinicien ambulatoire, chargé d’enseignement clinique». «La rémunération des maîtres de stage doit être inscrite dans la loi, explique le Dr Vincent Renard, président du Snemg. Nous ne voulons pas reproduire le circuit de paiement actuel, qui est beaucoup trop long. C’est une question de reconnaissance.»
Les auteurs de ce projet émettent de sérieux doutes sur la possibilité d’ouvrir le stage dans toutes les facultés dès le deuxième semestre de 2007. «Il est illusoire de penser que nous pourrons recruter des enseignants cliniciens ambulatoires compte tenu des problèmes toujours pendants sur la rémunération de la fonction et du manque de visibilité du dispositif», explique le Dr Renard. «Le stage de 2ecycle va demander beaucoup de travail aux facs qui n’y sont pas préparées et la volonté des doyens sera un facteur déterminant», commente Emmanuel Gallot, porte-parole de l’Isnar-IMG. Les enseignants estiment qu’une enveloppe de 20 millions d’euros est nécessaire pour former et rémunérer les maîtres de stage. Le ministère de la Santé se serait déclaré prêt à accorder une rallonge budgétaire mais, comme le rappelle un étudiant, «ce ne sont pour l’instant que des promesses verbales».
(1) Cnge : collège national des généralistes enseignants. Snemg : syndicat national des enseignants de médecine générale.
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