UN PROJET DE CURSUS MÉDICAL européen vient de voir le jour. Fruit du rapprochement entre trois facultés de médecine française, espagnole et italienne, Triamed a été lancé le 20 septembre 2004. Il permettra à neuf étudiants en 2e cycle - trois par faculté - de suivre leur formation dans ces trois pays. Les élus effectueront leur troisième année de médecine à Saragosse, la quatrième à Pavie et la cinquième à la faculté Victor-Segalen de Bordeaux. Ils réintégreront ensuite leur faculté d'origine pour préparer leur sixième année.
« Depuis les déclarations de la Sorbonne puis de Bologne en 1999 - qui visent à favoriser la mobilité des étudiants et des futurs professionnels dans l'Union européenne -, il n'existait toujours pas de cursus européen harmonisé de formation médicale », explique le Dr Annick Terret, coordinatrice française à l'origine du projet. Actuellement, les carabins français qui souhaitent se forger une expérience à l'étranger ont peu de choix. Soit leurs résultats leur permettent de suivre un programme Erasmus. Soit ils effectuent, comme près de 200 de leurs collègues cette année, un stage à l'étranger dans le cadre d'échanges mis en place dans 18 villes françaises.
Un modèle calqué sur Erasmus.
Les enseignants impliqués dans les échanges internationaux sont confrontés à de nombreux obstacles pour établir une harmonisation des études médicales en Europe. Annick Terret énumère « la méconnaissance des systèmes sociaux et de santé, la barrière de la langue, la diversités des cursus médicaux ou l'absence d'objectifs communs clairement définis ».
Aussi les responsables de Triamed ont-ils décidé de calquer le fonctionnement administratif et pédagogique de leur projet sur le modèle Erasmus. Les étudiants s'inscrivent dans leur faculté d'origine et bénéficient d'un support financier et du tutorat d'un enseignant. L'université d'origine reconnaît le cursus suivi dans les facultés partenaires et les enseignants coordinateurs établissent un contrat pédagogique et s'engagent à le respecter de façon que le programme soit intégralement couvert pendant ces trois ans. Le cursus tient compte des stages pratiques obligatoires en milieu hospitalier et en médecine générale.
A Bordeaux, lors de l'appel à candidature lancé en février, une quinzaine d'étudiants de deuxième année sur les 200 de la promotion s'etaient déclarés intéressés par le projet Triamed. Les trois élus ont été retenus « sur leurs résultats, leur motivation et leurs connaissances linguistiques ». Ils ont suivi des cours particuliers d'espagnol afin de faciliter leur intégration.
Un problème de fonds.
Un mois après leur arrivée à Saragosse, Julie et Benjamin ont pris leurs marques. Ils se sont mis en clocation avec leurs homologues italiens et forment déjà un groupe soudé : « Nos amis espagnols nous aident à comprendre les cours quand nous sommes lâchés », confie Julie. Benjamin a hésité avant de s'engager dans l'aventure : « Préparer les épreuves classantes nationales demande de travailler à fond dès la quatrième année et j'avais peur de me disperser ». Maintenant, il ne regrette rien et s'amuse des manies de ses homologues ibériques et latins. « Ils sont plus scolaires, tout le temps fourrés dans leurs bouquins alors qu'en France nous travaillons davantage sur nos notes. »
Tout irait dans le meilleur des mondes si le financement du projet était bouclé. Les bourses de mobilité accordées par la communauté européenne et dont bénéficient les étudiants, comme dans le cadre des programmes Socrate/Erasmus, ne sont pas reconductibles pour une seconde année. « Nous sommes à la recherche de partenaires ou de mécènes afin de soutenir par des bourses les étudiants volontaires pendant leur deuxième année de mobilité », explique le Dr Terret. A raison de 300 euros par étudiant et par mois pendant dix mois, il manque 27 000 euros pour faire fonctionner la seconde année de Triamed.
Des obligations
Les étudiants français ont sept stages cliniques obligatoires et cinq libres (de trois mois chacun) à compléter entre la 4e et la 6e année. Ils sont également tenus de réaliser 36 gardes pendant leurs stages obligatoires. Soumis aux examens correspondant à leur année d'études planifiée dans leur université d'accueil, ils ne pourront accéder à l'année suivante du programme Triamed qu'en cas de succès aux examens. La formation des étudiants sera supervisée par le Centre de recherches appliquées en méthodes éducatives (Crame).
L'évolution en 30 ans
|
|||||
1972-1973 | 8 652 | 1983-1984 | 5 000 | 1994-1995 | 3 570 |
1973-1974 | 8 564 | 1984-1985 | 4 750 | 1995-1996 | 3 576 |
1974-1975 | 8 608 | 1985-1986 | 4 754 | 1996-1997 | 3 576 |
1975-1976 | 8 698 | 1986-1987 | 4 460 | 1997-1998 | 3 583 |
1976-1977 | 8 725 | 1987-1988 | 4 100 | 1998-1999 | 3 700 |
1977-1978 | 8 326 | 1988-1989 | 4 100 | 1999-2000 | 3 850 |
1978-1979 | 7 913 | 1989-1990 | 4 000 | 2000-2001 | 4 100 |
1979-1980 | 7 121 | 1990-1991 | 4 000 | 2001-2002 | 4 700 |
1980-1981 | 6 409 | 1991-1992 | 3 750 | 2002-2003 | 5 100 |
1981-1982 | 6 409 | 1992-1993 | 3 500 | 2003-2004 | 5 550 |
1982-1983 | 5 900 | 1993-1994 | 3 570 | 2004-2005 | 6 200 |
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature