L'IVG à la maison

Un progrès, si c'est un choix

Publié le 05/03/2008
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SAMEDI 8 MARS, Journée de la femme, le Réseau (francilien) entre la ville et l'hôpital pour l'orthogénie (REVHO) organise à la Sorbonne un colloque sur l'IVG « à la maison »*. Le retour à la sphère privée, autrefois espace obligé de pratiques illégales, permet de préserver l'intimité, tout en garantissant la sécurité médicale. Le Dr Sophie Gaudu, gynécologue-obstétricienne à l'hôpital Cochin - Saint-Vincent-de-Paul (AP-HP)**, membre du comité scientifique du réseau, parle d' «un progrès pour la santé, dès lors que c'est le choix de la femme et que toutes les contre-indications ont été écartées». Sur un plan «humain», elle y voit un grand confort. «C'est aussi gérer soi-même sa fausse couche», dit-elle au « Quotidien ».

« Il ne faut pas se défausser sur la ville. »

 Elle met cependant en garde contre «toute solution par défaut». Car, en région parisienne, les délais d'attente pour une interruption volontaire de grossesse courent de dix à vingt et un jours. En l'espace de cinq ans, cinquante lieux d'orthogénie ont fermé. «Il ne faudrait pas qu'on se défausse sur la ville, et ce au détriment des femmes qui disposeraient d'un moindreaccompagnement humain, même s'il n'y a rien à craindre en termes de sécurité sanitaire.»

En Ile-de-France, où les difficultés d'accès à l'avortement sont criants, de même qu'en Provence-Alpes-Côte d'Azur, et où l'on enregistre 19 interventions pour 1 000 femmes, contre 14 pour la France entière, REVHO constitue «une véritable locomotive de l'IVG à la maison». Créé en janvier 2005, avec quatre centres hospitaliers et une vingtaine de médecins, il fonctionne trois ans plus tard avec 22 centres hospitaliers et 207 praticiens, dont 50 % de généralistes. Actuellement, REVHO assure ainsi 70 % des avortements à domicile, qui représentent 11 % de l'ensemble des interventions, contre 6,5 % à l'échelon national.

* www.revho.fr.
** 850 IVG par an, dont la moitié sont médicamenteuses.

Non à une remise en cause

A l'occasion du 8 mars, l'Association nationale des centres d'interruption de grossesse et de contraception (ANCIC), la Coordination des associations pour le droit à l'avortement et à la contraception et le Mouvement français pour le planning familial font savoir qu'ils «n'accepteront pas que soit remis en cause par quelque moyen que ce soit le droit à l'IVG». Les trois organisations s'inquiètent de l'arrêt du 6 février dernier de la première chambre civile de la Cour de cassation, qui ouvre la question du statut juridique de l'embryon, en acceptant que «soit inscrit dans un registre d'état civil un foetus, quel que soit son stade de développement», soulignent-elles.

> PHILIPPE ROY

Source : lequotidiendumedecin.fr: 8326