«SI VOUS NE VOULEZ pas reprendre les kilos perdus, il est essentiel de vous peser quotidiennement. Mais il ne suffit pas de monter sur la balance. Vous devez utiliser cette information pour changer votre comportement, à savoir manger moins ou marcher davantage. Ainsi, le secret du succès semble être de faire attention au poids et de réagir rapidement s’il grimpe», observe dans un communiqué le Dr Rena Wing, directrice du centre de recherche sur le contrôle du poids et sur le diabète au sein de l’hôpital Miriam à Providence (Rhode Island).
Les nombreux programmes d’amaigrissement – incluant régime alimentaire, activités physiques et modification du comportement – produisent des pertes de poids initiales d’environ 10 %, ce qui entraîne de nets bénéfices sur le plan de la santé.
Cependant, perdre du poids n’est que la première étape. Il importe de ne pas en reprendre, et c’est une question majeure dans le traitement de l’obésité. La plupart des patients reprennent environ un tiers de la perte de poids dans l’année qui suit et, généralement, ont tout repris en trois à cinq ans.
Il existe donc un réel besoin pour des programmes de maintien de la perte de poids.
Le Dr Rena et son équipe ont développé le premier programme spécifiquement conçu pour maintenir la perte de poids. Il repose sur une technique d’autorégulation. On recommande aux patients de se peser tous les jours et, selon la différence entre le poids actuel et le poids ciblé (celui du début de la phase de maintien), d’ajuster leur alimentation et leur activité physique ou de procéder à un autorenforcement.
Une étude randomisée (appelée STOP Regain) a été menée afin d’évaluer l’efficacité de ce programme, délivré soit en consultation, soit par Internet. Un groupe témoin reçoit seulement un bulletin trimestriel, avec des informations sur le régime, l’activité physique et le contrôle du poids.
Dans les deux groupes d’intervention, les participants sont dotés d’une balance et doivent se peser tous les jours. Ils sont encouragés à manger un petit déjeuner et à faire une heure d’exercice par jour. Ils doivent aussi transmettre leur poids une fois par semaine, soit à un répondeur téléphonique (groupe consultation), soit par Internet (groupe Internet).
Zone verte : chewing-gum vert, thé vert, billet vert.
Les patients doivent surveiller leur poids en utilisant un système de « zones de couleur ». Si leur poids rapporté une fois par semaine reste à moins de 1,5 kg au-dessus de leur poids de départ (au début de la phase de maintien), ils sont dans la « zone verte ». Tout va bien, ils reçoivent immédiatement un renforcement avec des messages automatiques positifs et des petits cadeaux verts mensuels (chewing-gum vert, thé vert, un billet de 1 dollar, etc.). Mais s’ils ont pris entre 1,5 et 2 kg, ils sont dans la « zone jaune », et on leur demande de modifier leurs habitudes alimentaires ou physiques.
Zone rouge : recours à la boîte à outils rouge.
Enfin, s’ils ont pris plus de 2,3 kg, ils tombent dans la « zone rouge » et sont encouragés activement pour leurs efforts de réduction de poids, en utilisant soit leur approche initiale, soit une approche comportementale standard (régime et plus d’activités physiques). Ils sont encouragés, en outre, à utiliser leur boîte à outils de couleur rouge, fournie au commencement du programme, qui contient leur propre histoire, avec le succès de leur perte de poids, des journaux d’autosurveillance alimentaire, un livre d’information sur les calories et la graisse, un podomètre et des substituts de repas en boîte (Slim-Fast, Unilever). Ils peuvent également être conseillés soit par e-mail (groupe Internet), soit par téléphone, voire lors d’un rendez-vous (groupe consultation), jusqu’à ce qu’ils reviennent à leur poids de départ.
En outre, les deux groupes d’intervention assistent à des sessions de groupe, hebdomadaires le premier mois, puis mensuelles (à l’hôpital pour le programme consultation et par Internet dans le groupe Internet).
L’étude a porté sur 314 participants qui ont perdu au moins 10 % de leur poids dans les deux années précédentes (perte moyenne de 20 % du poids ou de 21 kg). Ils ont été répartis par randomisation dans les trois groupes (consultation, Internet, contrôle).
Les résultats au bout de dix-huit mois de programme sont significatifs.
Les deux programmes d’autorégulation sont plus efficaces que l’utilisation d’un bulletin (groupe contrôle) pour maintenir la perte de poids durant les dix-huit mois de l’étude.
Le programme consultation donne les meilleurs résultats, avec un gain pondéral moyen – critère principal sur lequel était jugée l’efficacité – de seulement 2,5 kg, contre 4,7 kg dans le groupe Internet et 4,8 kg dans le groupe contrôle.
Le pourcentage de participants qui reprennent plus de 2,3 kg au cours des dix-huit mois est significativement plus élevé dans le groupe témoin (72,4 %) que dans le groupe consultation (45,7 %) ou dans le groupe Internet (54,8 %).
«Par conséquent, d’un point de vue de santé publique, il serait souhaitable d’utiliser la stratégie Internet pour prévenir une nouvelle prise de poids, mais d’ajouter le colloque singulier ou le conseil par téléphone en cas de reprise de poids», propose l’équipe.
Elle note que la pesée quotidienne est fortement associée au succès du maintien de la perte de poids. Ainsi, les participants qui se pesaient tous les jours avaient une baisse de 82 % du risque de reprendre 2,5 kg comparés à ceux qui ne se pesaient pas tous les jours. Toutefois, la pesée quotidienne dans le groupe témoin n’a que peu d’effet sur le risque de reprendre du poids.
L’information de la balance.
«Cela suggère que les participants dans les groupes d’intervention sont capables d’utiliser l’information de la balance pour introduire des changements constructifs dans leurs habitudes alimentaires et leurs activités physiques, note le Dr Wing. C’est un argument supplémentaire suggérant que la pesée quotidienne n’est qu’une partie de la solution.»
Il apparaît donc que le concept d’une intervention conçue exclusivement pour maintenir la perte de poids constitue une nouvelle approche importante pour le succès du traitement de l’obésité.
Les futures études devraient chercher à perfectionner le format Internet, notent les auteurs, et évaluer des interventions conçues pour durer plus de dix-huit mois.
« New England Journal of Medicine », 12 octobre 2006, p. 1563, Wing et coll.
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