Pour assurer le maintien de la santé et de la vie sociale des 16 millions de femmes et d'hommes âgés de plus de 55 ans - près de 30 % de la population (40 % en 2023) -, Jean-Pierre Raffarin vient de lancer, en présence de Colette Besson, 56 ans, médaillée olympique du 400 m, du boxeur Jean-Claude Bouttier, 58 ans, et du coureur de demi-fond Michel Jazy, 66 ans, un programme national pluriannuel, 2003-2005, intitulé « Bien vieillir ».
Conçu par le secrétariat d'Etat aux Personnes âgées et le ministère des Sports, avec le concours du Pr Gérard Saillant, responsable du comité scientifique « Bien vieillir » (1), le premier volet du programme est consacré, pour l'année en cours, à la promotion du bien-être par l'activité physique et sportive et par une alimentation équilibrée. Un second volet, en 2004, sera orienté vers les activités culturelles, sociales et touristiques.
En 2003, l'ordonnance gouvernementale « Bien vieillir » s'applique à 17 sites, dotés d'un comité de pilotage placé, dans la plupart des cas, sous l'égide du maire : Amiens, Clermont-Ferrand, Evreux, Fort-de-France, Houlgate, Lingolsheim, Lodève, Nancy, Nice, Pau, Rennes, Royan, Saint-Omer, Toulon, Toulouse, Valence et Versailles.
L'implication
des acteurs de santé
Chaque comité de pilotage doit proposer différentes stratégies d'intervention, par tranche d'âge. C'est par exemple entre 55 et 65 ans que débute la sarcopénie (fonte musculaire), d'où l'utilité de prévenir, entre autres, l'ostéoporose postménopausique par l'APS (activité physique et sportive). Entre 70 et 80 ans, les capacités fonctionnelles seront préservées par des activités physiques associées à une alimentation riche en protéines. Au-delà de 80 ans, l'action majeure et synergique de la nourriture et de l'activité physique modérée limitera la survenue de chutes et la dénutrition, souvent à l'origine de complications graves.
Dans tous les cas, pour sensibiliser les populations aux bienfaits des APS pratiquées de façon régulière et d'une alimentation équilibrée, il convient de les informer (télé, Internet, campagnes d'affichage) des possibilités offertes en la matière. A cela s'ajoute la nécessité de valoriser les soins corporels et esthétiques, mais également la prise en charge des pathologies ostéo-articulaires et celles liées au surpoids, au diabète de type 2 ou encore aux maladies cardio-vasculaires.
Outre la mise en place d'« Espaces seniors » dans les communes mobilisées pour l'occasion, les directions régionales ou départementales des Sports comme l'Institut national de prévention et d'éducation pour la santé sont conviés à communiquer. De leur côté, les pharmaciens, grâce aux actions initiées par le Comité d'éducation sanitaire et sociale de la pharmacie française, sont en première ligne. Sont également sur la brèche les unions régionales des médecins libéraux, les services hospitalo-universitaires, le ministère de la Santé, les services de soins infirmiers à domicile, les centres communaux d'action sociale, les établissements d'APS et les centres locaux d'information et de coordination des 3e et 4e âges.
Des centres d'évaluation
de la condition physique
et de l'état nutritionnel
Pour mener à bien cette politique du « bien vieillir », il est prévu de développer des « modules de nutrition de la personne âgée » dans les formations initiales et continues des différents acteurs de santé. Ils devraient intéresser, à des titres divers, les soignants comme les décideurs financiers, les cuisiniers comme les responsables gériatriques ou les moniteurs d'activités physiques et sportives. Des universités préparent déjà à des diplômes de formation spécifiques « vieillissement et activités physiques ». Si la formation adéquate de l'encadrant est un préalable, l'aménagement d'une salle d'APS doit répondre à un cadre de qualité.
Les promoteurs du programme « Bien vieillir » préconisent l'ouverture de « Centres d'évaluation de la condition physique et de l'état nutritionnel des plus de 55 ans », de type check-up simplifié, en mettant l'accent sur « l'importance du certificat de non contre-indication à la pratique d'une activité physique ». Un certificat médical détaillé devrait être fourni chaque année, et éventuellement plusieurs fois par an si nécessaire, aux usagers de salle d'APS.
Les bénéfices des APS et d'une alimentation équilibrée et suffisante sont déjà indiscutables, même si le gouvernement entend avoir un oeil sur l'application de son programme, en vue de l'améliorer. Pour l'individu, les acquis physiologiques, psychologiques et sociaux sont connus. Entre autres : amélioration de la capacité cardio-respiratoire, de la masse et de la force musculaire, de la souplesse, diminution du stress et de l'anxiété, attitude plus active dans la société, maintien de l'indépendance et de l'autonomie.
Réduction des dépenses
Pour la société, la réduction des dépenses de santé est essentielle. Selon une étude réalisée auprès de 159 retraités de l'Education nationale de 56 ans à plus de 80 ans, les personnes pratiquant une activité physique non compétitive dépensent deux fois moins pour leur santé que les sédentaires. Une autre enquête portant sur 771 dossiers médicaux et chirurgicaux montre que le coût total de l'hospitalisation est accru de 64 % et le coût journalier de 22 % chez les patients présentant une dénutrition (albuminurie inférieure à 35 g/l, lymphocytes inférieurs à 1 500/mm3 et rapport poids/taille inférieur à 80 % de la valeur normale).
C'est dire qu'on peut « bien vieillir », sans pour autant se transformer en accro de l'alimentation bio, ou en adepte du jogging ou du ski, deux disciplines qui compteraient respectivement 300 000 et 500 000 plus de 55 ans.
(1) Sur 21 membres, le Comité compte 15 médecins et 1 pharmacien.
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