A ONZE ANS, quatre enfants sur dix ont besoin de soins et un sur dix a au moins trois dents cariées. Seulement 22 % des moins de 20 ans ont consulté un dentiste au moins une fois dans l'année et 30 à 40 % des jeunes ont des besoins de soins non satisfaits. Parmi les 6-12 ans, 12 % seulement ont consulté durant l'année. Conclusion : une consultation dentaire trop faible et trop tardive, souvent motivée par l'esthétique et la peur de l'aggravation du mal. Parallèlement, les conséquences des problèmes dentaires pour la santé générale sont méconnues. Sylvaine Galtier, médecin-conseil, chef de service de l'échelon local du service médical du Val-d'Oise, indique que, dans le cadre d'Arcade, une plaquette informative va être envoyée aux médecins, pédiatres et gynécologues d'Ile-de-France pour « ouvrir les passerelles entre dentistes et médecins ».
Avec trois labels, Arcade vise à généraliser le dépistage, harmoniser les pratiques et garantir qualité et efficacité. Le label I (Information) vise les enfants de 0 à 2 ans et se traduit par l'information et l'éducation bucco-dentaire des parents, et par une sensibilisation des pédiatres et des puéricultrices. Le label IES (Information-Education pour la santé) s'adresse aux enfants de 3 à 5 ans. Il concerne l'éducation bucco-dentaire du jeune enfant par des animateurs spécialisés intervenant en maternelle. Le dernier label, Ides (Information-Dépistage-Education pour la santé) cible les 6-11 ans. Il vise à renforcer les acquis de la prévention et à réaliser des dépistages en milieu scolaire, les soins consécutifs étant pris en charge à 100 % par l'assurance-maladie. Le coût moyen par enfant dépisté s'élève à 18 euros. « Un coût modique avec une amélioration de l'état bucco-dentaire et un impact à court terme sur la consommation de soins », constate Jean-Pierre Renault, directeur des relations avec les professionnels de santé de la Cpam du Val-d'Oise.
32 projets labellisés.
Aujourd'hui, 32 projets ont obtenu un label dans le cadre d'Arcade. Mais la labellisation n'est pas toujours synonyme de financement par l'assurance-maladie.
Par ailleurs, « l'intérêt porté aux jeunes par les dentistes n'est pas unanimement partagé », explique le Dr Martine Benessiano, de l'Union des jeunes chirurgiens-dentistes (Ujcd). Elle souligne également le problème de démographie, auquel s'ajoute la féminisation de la profession avec moins d'heures consacrées au fauteuil. « Le nombre de chirurgiens-dentistes diplômés par an reste à revoir », assène-t-elle. Et d'ajouter : « Pour s'occuper de la prévention, nous avons besoin de temps. » La rémunération de la prévention est également à envisager. Pour le Dr Pierre Pfau, de la Fédération des syndicats dentaires libéraux (Fsdl), « Arcade officialise l'abandon du bénévolat dans le dépistage ». « La prévention paie et devrait être payée », affirme-t-il. Mais une fois le dépistage effectué, encore faut-il pouvoir accueillir les enfants.
Reste que « 60 % des enfants ont des soins dentaires en cours ou terminés lors du troisième passage de sensibilisation », annonce le Dr Christian Auger, de l'Union française pour la santé bucco-dentaire (Ufsbd). La répétition des actions de prévention semble porter ses fruits. Mais elle souligne aussi la déresponsabilisation des parents en matière d'éducation.
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