Un programme de recherche sur la transplantation

Publié le 25/09/2008
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EN FRANCE, 35 % des patients qui ont bénéficié d'une greffe pulmonaire sont atteints de mucoviscidose. Cette maladie génétique est la première indication de transplantation pulmonaire. L'activité de greffe pulmonaire est en progression : depuis 2005, 70 patients atteints de mucoviscidose sont greffés par an en France, contre 48 seulement en 2004. «Nous devons cela à la conscience professionnelle des médecins transplanteurs et à l'engagement de l'Agence de la biomédecine», souligne Jean Lafond, président de l'association.

Mais les patients atteints de mucoviscidose sont de plus en plus nombreux : 106 nouveaux inscrits en 2007, contre 72 par an en moyenne pour les cinq dernières années. Ils représentent aussi la moitié des décès sur liste d'attente de greffe pulmonaire, l'insuffisance respiratoire chronique terminale restant le problème majeur dans la mucoviscidose. Par ailleurs, si la survie après la greffe a progressé, le rejet chronique et les complications liées, par exemple, aux traitements immunosuppresseurs, sont autant de difficultés que la recherche doit pouvoir régler.

Face à ce constat, l'association Vaincre la mucoviscidose a décidé de mettre en place le premier programme de recherche européen dédié à la transplantation pulmonaire. L'objectif : financer et suivre, sur une période de un à quatre ans, des projets de recherche d'excellence permettant une application rapide vers le patient. Pour cela, une enveloppe de l'ordre de 4 à 5 millions d'euros est nécessaire sur plusieurs années (financement partagé avec l'association Gregory Lemarchal). «Nous avons mobilisé une trentaine de spécialistes de la transplantation pulmonaire l'année dernière afin de détecter les priorités de recherche en la matière. C'est un projet à long terme qui nécessitera des financements importants», affirme Franck Dufour, directeur scientifique de Vaincre la mucoviscidose.

Ce programme implique à la fois cliniciens et chercheurs, services hospitaliers et unités de recherche. Ses grands enjeux sont de taille : améliorer l'anesthésie, la réanimation, la préservation et le reconditionnement des greffons pendant la période pré- et périopératoire, mieux anticiper les rejets aigus et les dysfonctionnements chroniques du greffon. Mais aussi, optimiser les traitements antirejets, évaluer l'efficacité et la tolérance de nouveaux traitements et de nouveaux schémas thérapeutiques.

Dix-huit projets de recherche soutenus.

Parmi les projets retenus, celui coordonné par le Pr Marc Stern, pneumologue à l'hôpital Foch, à Suresnes, pourrait permettre de détecter le plus tôt possible les signes de rejet afin de traiter le patient greffé et de minimiser les complications. Quant au projet COLT (Cohort of Lung Transplantation), mené par le Pr Antoine Magnan, professeur en pneumologie à l'institut du Thorax, à Nantes, il vise à mettre en évidence et à valider les facteurs impliqués dans le développement du rejet chronique, principale cause à moyen et à long terme de dysfonctionnement du greffon pulmonaire. «Le projet COLT et celui du PrStern sont intriqués. Nous souhaitons réunir les équipes. L'idée de COLT est de travailler sur les facteurs prédictifs du rejet chronique en détectant des biomarqueurs avant que l'insuffisance respiratoire liée au rejet chronique ne soit survenue», note le Pr Magnan. Des prélèvements réguliers sur un ensemble de 100 patients transplantés seront regroupés dans une plate-forme constituée d'une base de données cliniques et d'une bibliothèque d'échantillons biologiques. Cette plate-forme permettra de disposer d'échantillons biologiques pour les travaux de recherche. Le projet fédère sept centres de transplantation pulmonaire, ainsi que des laboratoires de recherche. Il met en place un réseau pérenne, appelé à intégrer de nouveaux laboratoires et de nouveaux centres européens de transplantation.

Autre projet, celui du reconditionnement exvivo du greffon pulmonaire. «À terme, ce projet pourrait diminuer la mortalité sur liste d'attente due au manque de greffons. Il vise à utiliser la technique d'évaluation et de reconditionnement ex vivo sur les greffons marginaux non acceptés pour la greffe. Actuellement, seulement 20% des greffons pulmonaires sont prélevés en France. Or des greffons non utilisés, car considérés comme incompatibles, pourraient être reconditionnés dans un appareil spécifique», indique le Pr Rheda Souilamas, coordonnateur du projet, chirurgien transplanteur thoracique à l'hôpital européen Georges-Pompidou, à Paris. Cette technique, déjà utilisée en Suède et aux États-Unis, a permis de greffer des patients avec des greffons reconditionnés. Premier objectif : valider et démontrer la faisabilité du projet en France. À plus long terme, ce travail pourrait démontrer l'intérêt d'une transplantation de greffons pulmonaires issus de donneurs décédés par arrêt cardiaque. Une technique, aujourd'hui, non autorisée en France.

Repères

6000 : le nombre de malades en France.

2millions : le nombre de Français porteurs sains du gène.

24ans : l'âge moyen de décès.

46ans : l'espérance de vie estimée des enfants qui naissent aujourd'hui avec la maladie.

Les Virades de l'espoir

Rendez-vous essentiel pour les 6 000 malades touchés par la mucoviscidose, les Virades de l'espoir, qui auront lieu le 28 septembre, permettent de sensibiliser le grand public et de collecter des fonds. Cette journée, qui réunira chercheurs, soignants, patients, familles, donateurs..., est parrainée par les acteurs Isabelle Carré et François Cluzet. Quelque 480 manifestations seront organisées dans toute la France autour d'activités qui ont toutes pour point commun de « donner son souffle » : marche, course à pied, à vélo, en roller...

Les Virades fournissent la majeure partie du financement de l'association Vaincre la mucoviscidose. Pour 2008, ses priorités sont d'empêcher la précarisation des malades, et notamment des jeunes adultes, et l'accès aux soins à l'heure des franchises et de la T2A. Outre l'aide à la recherche, elle finance cette année 90 postes hospitaliers spécialisés.

www.vaincrelamuco.org et tél. 01.40.78.91.91 (pour faire un don).

> HÉLIA HAKIMI

Source : lequotidiendumedecin.fr: 8427