L'ACCORD de recherche et de licence conclu entre l'AFM (Association française contre les myopathies) et la société française de biotechnologies Cellectis consiste à développer la chirurgie du génome par les méganucléases. De quoi s'agit-il ? Les méganucléases sont des enzymes capables de couper l'ADN en un point très précis pour en extraire une mutation afin de la corriger. Une portion saine du gène peut ensuite être intégrée par l'intermédiaire des systèmes de réparation naturels de la cellule.
Plus en détails, une fois que l'ADN est coupé, il doit être réparé par des systèmes endogènes naturels de maintenance de la cellule. En fournissant une molécule d'ADN fabriquée spécifiquement (appelée matrice de réparation) qui sera utilisée comme matrice nucléique pour réparer la cassure, on peut diriger le mécanisme de réparation vers un processus d'insertion, de suppression ou de correction de gène. «Ainsi, explique un communiqué, les méganucléases peuvent être utilisées pour déclencher une modification précise de gènes spécifiques dans toute une gamme de cellules et d'organismes.»
En alliant la capacité des méganucléases à couper l'ADN à la possibilité de le réparer, «Cellectis crée de nouvelles générations de produits destinés à une large gamme d'applications, dont la santé humaine, notamment pour certaines infections virales ou pour des maladies résultant d'une seule mutation sur un gène spécifique».
Cellectis a établi une plate-forme industrielle pour fabriquer ces méganucléases dirigées vers n'importe quel gène choisi a priori. Ces types de molécules sont déjà appliqués dans plusieurs domaines industriels. Cellectis Genome Surgery, la filiale thérapeutique de Cellectis, a pour objectif d'utiliser la chirurgie génomique en clinique humaine. Il s'agit notamment de traiter des maladies génétiques, des infections virales, certains cancers…
La chirurgie génomique par méganucléases constitue un espoir pour le traitement des maladies monogéniques ; en effet, elle vise à corriger la cause directe de l'affection, à savoir la mutation du gène lui-même.
Bêta-globine et dystrophine.
Le programme lancé par l'AFM et Cellectis prévoit la fabrication de méganucléases spécifiques pour un total de sept gènes cibles sur une période de cinq ans. Dans un premier temps, la technique sera développée pour deux gènes candidats : le gène de la bêta-globine (muté dans la drépanocytose et dans la bêta-thalassémie) et le gène de la dystrophine (muté dans les dystrophies de Duchenne et de Becker). Ces méganucléases seront d'abord validées dans des systèmes cellulaires et chez l'animal ; c'est un préalable à leur utilisation dans des applications cliniques.
Le financement par l'AFM (8,372 euros) sera effectué grâce aux dons du Téléthon. Les termes de l'accord prévoit un retour financier pour l'AFM dès la perception par Cellectis de revenus de l'exploitation des outils développés.
«Les méganucléases représentent une piste thérapeutique innovante très prometteuse et un espoir supplémentaire de guérison pour nos malades, indique Laurence Tiennot-Herment, présidente de l'AFM. Ce partenariat ambitieux avec un acteur clé du secteur des biotechnologies, en lien avec le réseau de compétences scientifiques et cliniques animé par l'AFM, doit permettre d'optimiser les chances de parvenir à mettre au point cette nouvelle génération de médicaments.»
Le VIH
Le 3 juillet, « le Quotidien » rapportait un travail signé Jun et coll. et publié dans « Nature Biotechnology » : l'utilisation d'une méganucléase pour rendre invitro les lymphocytes T humains résistants au VIH. La nucléase utilisée permettait de couper le génome humain de manière spécifique au niveau du gène CCR5 ; la coupure a conduit à l'apparition de mutations qui ont rendu le gène non fonctionnel ; de fait, les cellules traitées se sont montrées plus résistantes au VIH.
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