Les mécanismes en cause dans les otites moyennes chroniques de l'adulte restent débattus. Le processus est vraisemblablement multifactoriel, infectieux et inflammatoire.
L'OTITE séro-muqueuse ou otite sécrétoire chronique se définit par la présence, pendant plus de trois semaines et en l'absence de signes inflammatoires aigus, d'une effusion dans les cavités de l'oreille moyenne, derrière un tympan normal.
Il existe deux grands types d'effusion : une effusion de type « exsudat » qui contient des cellules inflammatoires, des polynucléaires neutrophiles, du mucus, des enzymes et des protéines à une concentration élevée parfois des débris bactériens (ADN bactérien) ; une effusion de type « transudat » dont la composition est grossièrement celle du sérum avec un taux de protéines moindre.
Un faisceau d'arguments suggère que l'otite séro-muqueuse serait la séquelle ou la conséquence d'une inflammation ORL déclenchant au sein de la muqueuse de l'oreille une pathologie exsudative prolongée, avec pour substratum anatomo-pathologique une métaplasie mucipare ; cette multiplication de cellules à mucus aboutit à la production de glycoprotéines dont la quantité dans l'effusion en conditionne les propriétés visco-élastiques.
« L'une des questions les plus controversées », souligne le Pr P.Tran Ban Huy (hôpital Lariboisière, Paris), est de savoir si les otites séro-muqueuses de l'enfance jouent un rôle dans la genèse des différentes formes d'otite chronique individualisée à un âge plus tardif (otites adhésives, cholestéatome, tympanosclérose...). En d'autres termes, peut-on affirmer que l'inflammation muqueuse et la métaplasie mucipare sont des passages obligés dans le développement d'une otite chronique.
Deux hypothèses s'affrontent : selon la première, les différentes formes d'otite moyenne chronique de l'adulte sont la conséquence tardive des otites séro-muqueuses de l'enfance ; la seconde hypothèse remet en cause la responsabilité des otites séro-muqueuses dans l'émergence d'une otite moyenne chronique sur plusieurs arguments dont : l'absence d'antécédents otitiques chez certains jeunes enfants, la découverte de certaines formes d'otite moyenne chroniques au-delà de la soixantaine chez des patients sans antécédents otitiques, l'extrême fréquence des otites séro-muqueuses contrastant avec la relative rareté des otites moyennes chroniques...
« En fait le processus est vraisemblablement multifactoriel. Une explication pourrait résider dans la dualité causale opposant infection et inflammation. Le développement de l'antibiothérapie a certainement révélé le primum movens inflammatoire des otites séro-muqueuses et a peut être favorisé la prévalence des formes atélectasiques ou fibro-adhésives autrefois masquées par l'infection (otite moyenne aiguë, mastoïdite, otorrhée...) au dépens des formes infectieuses, ce qui rendrait compte de la diminution des formes otorrhéiques », explique le Pr P. Tran Ban Huy
Chez l'enfant
Il est indispensable de différencier l'otite séromuqueuse « accident » conjoncturelle et transitoire de résolution spontanée en moins de trois mois de l'otite seromuqueuse « maladie » traînante et récidivante, rebelle à un traitement médical et nécessitant la pose d'un aérateur transtympanique.
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