Le syndrome métabolique
IL EST AUJOURD'HUI bien établi que l'excès de graisse dans le tissu adipeux viscéral est par lui-même un puissant facteur de risque cardiométabolique
Différents travaux ont mis en évidence une corrélation entre l'adiposité intra-abdominale et certaines anomalies du métabolisme glucidique (insulinorésistance, intolérance au glucose). Ils ont également montré que, à poids égal, tous les obèses ne sont pas identiques. Ceux qui présentent une obésité localisée au niveau abdominal encourent un risque particulièrement sévère de maladie coronarienne et de diabète de type 2.
Les données épidémiologiques le confirment : dans l'étude cas-témoins InterHeart réalisée auprès de plus de 30 000 sujets dans 52 pays, l'obésité abdominale (appréciée par la mesure du tour de taille) s'est révélée être un facteur prédictif puissant et indépendant de survenue d'infarctus du myocarde.
L'accumulation de graisse abdominale est associée à une augmentation du risque d'infarctus du myocarde quel que soit le groupe ethnique et le pays d'origine. Fait important : ce risque existe même chez les sujets dont l'indice de masse corporelle est faible (20 kg/m2).
Les conséquences néfastes de l'adiposité intra-abdominale s'expliquent par la mise en jeu de nombreux mécanismes, au sein desquels le tissu adipeux joue un rôle central.
Le tissu adipeux blanc est reconnu aujourd'hui comme un organe endocrine important, libérant des acides gras libres et de nombreux facteurs tels que les adipokines (adiponectine, leptine, TNF alpha, IL1 bêta, IL8, IL10).
Les concentrations plasmatiques d'adiponectine sont réduites chez les sujets ayant une obésité abdominale. Or, normalement, l'adipokine réduit les taux d'acide gras libres circulants, la production de glucose hépatique, augmente la sensibilité périphérique à l'insuline et exerce des effets antiathérogènes.
En outre, l'adiposité intra-abdominale entraîne une augmentation de la sécrétion d'adipokines pro-inflammatoires (TNF alpha, etc.), qui participerait à la composante inflammatoire de l'athérosclérose, a expliqué le Pr John Betteridge (Royaume-Uni).
Une nouvelle définition.
Le syndrome métabolique associe une obésité abdominale à une constellation de facteurs de risque cardio-vasculaire et d'anomalies métaboliques exposant à un risque cardio-vasculaire élevé.
Compte tenu des récentes données sur les conséquences néfastes d'une adiposité intra-abdominale, la Fédération internationale du diabète a récemment proposé une nouvelle définition du syndrome métabolique. Elle comporte un tour de taille ≥ 94 cm pour les hommes européens et ≥ 80 cm pour les femmes européennes associé à deux des facteurs suivants :
- triglycéridémie > 1,7 mmol/l ou traitement spécifique pour une dyslipidémie ;
- HDL cholestérol < 1,03 mmol/l chez l'homme, < 1,29 mmol/l chez la femme ou un traitement spécifique pour une dyslipidémie ;
- pression artérielle ≥ 130/85 mmHg ou un traitement antihypertenseur ;
- glycémie à jeun ≥ 5,6 mmol/l ou un diabète de type 2 déjà diagnostiqué.
Le rimonabant.
Premier inhibiteur sélectif des récepteurs cannabinoïdes de type 1 (CB1), le rimonabant ouvre de nouvelles perspectives dans la prise en charge du risque cardio-vasculaire des patients en surpoids ayant une obésité abdominale.
Le système endocannabinoïde joue un rôle clé dans la régulation de l'apport alimentaire, le stockage et le métabolisme des graisses, ainsi que dans le métabolisme glucidique.
Le rimonabant, en bloquant les récepteurs CB1, agit au niveau central (réduction de l'appétit) et au niveau périphérique (augmentation de l'adiponectine, diminution de la lipogenèse, augmentation de la sensibilité à l'insuline, diminution de l'insulinorésistance...).
Le programme RIO (quatre études de phase III menées chez plus de 6 600 patients obèses ou en surpoids ) a été conçu pour évaluer les effets du rimonabant sur la perte de poids, l'obésité abdominale et les facteurs de risque métabolique.
L'étude RIO-Lipids a été menée chez des patients obèses ou en surpoids sans traitement hypolipémiant, les deux autres essais, RIO-Europe et RIO-North America, ont été conduits chez des patients obèses ou en surpoids avec ou sans comorbidité. La quatrième étude RIO-Diabète a été conduite chez des diabétiques obèses ou en surpoids traités en monothérapie par la metformine ou une sulfonylurée.
Comme l'a rappelé le Pr Jean-Pierre Després (Québec), la concordance des résultats de ces quatre études confirment l'impact bénéfique du rimonabant (20 mg/j) : perte de poids et diminution significative du tour de taille, amélioration des paramètres lipidiques et glucidiques, mais aussi augmentation de l'adiponectine et diminution de la C réactive protéine.
Symposium Sanofi-Aventis présidé par les Pr Jean-Pierre Bassand (France) et Luis Miguel Ruilope (Espagne).
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature