QUI SERA le prochain patron du fleuron de l’hospitalisation publique française ?
L’Assistance publique des hôpitaux de Paris (AP-HP) – 38 hôpitaux, plus de 93 000 personnes employées, 500 000 patients pris en charge chaque année... – se cherche un directeur général depuis que Rose-Marie van Lerberghe a annoncé qu’elle quitterait l’institution le 15 octobre au plus tard. Au grand dam, sans doute, du gouvernement qui l’aurait bien vue poursuivre son oeuvre au moins jusqu’en... avril prochain. Mais Rose-Marie van Lerberghe, que certains disent «lasse» de ses fonctions et arrivée au bout de ses marges de manoeuvre, veut partir sous d’autres cieux – en l’occurrence, le gros groupe privé issu de la fusion de Medidep et Suren, spécialistes de la prise en charge de la dépendance.
Déjà des candidats.
Pour la remplacer, il va falloir faire vite, mais «la précipitation est en l’espèce un petit mal chronique», s’amuse le Dr Stanislas Johanet, anesthésiste dans la maison, qui se souvient avoir vu plusieurs directeurs quitter leur siège «du jour au lendemain».
Comme toujours, des noms de candidats circulent. Sont cités Louis-Charles Viossat, actuel directeur adjoint du cabinet de Dominique de Villepin, Frédéric Salat-Baroux, secrétaire général de l’Elysée, ou encore Edouard Couty, conseiller maître à la Cour des comptes et récent directeur des Hôpitaux. La mairie de Paris (présidente du conseil d’administration de l’AP-HP), qui a moyennement goûté l’épisode van Lerberghe, met d’ores et déjà en garde : «Le poste n’est pas fait pour placer des copains.»
Une chose est sûre : le contexte est particulier pour prendre les manettes, à la fois prestigieuses et éminemment politiques, de l’AP-HP. Jusqu’à l’élection présidentielle, « pas de vague » sera sans doute le maître mot du futur directeur général ; «Il va s’agir de faire profil bas», résume un médecin du sérail. En pleine campagne, les tutelles ministérielles de l’institution pas plus que le maire socialiste de Paris n’ont intérêt à ce que « la vieille dame », comme on surnomme l’AP, ne se fasse remarquer.
Le futur directeur ne devrait donc ressembler que de très loin à Rose-Marie van Lerberghe, énarque, mais passée par la case industrie (Danone, entre 1988 et 1996) et rompue à des méthodes de management qui ont décoiffé à l’AP-HP. Appelée par Jean-François Mattei pour faire avaler dans le plus grand hôpital du monde la pilule de sa réforme (Hôpital 2007, et en particulier ses volets « gouvernance » et « tarification »), la directrice générale, totalement atypique parmi les directeurs d’hôpital, a mené sa mission tambour battant, réorganisant, restructurant, apurant les comptes, programmant à l’horizon 2009 la suppression de quelque 500 postes de non-soignant (compensés, avance-t-elle, par autant de créations d’emplois). En apparence brillant, son bilan laisse tout de même, pronostiquent certains, quelques ornières pour son successeur. «Il va y avoir des surprises énormes, prévient le Dr Patrick Pelloux – le président de l’Amuf (Association des médecins urgentistes français) exerce à l’hôpital parisien Saint-Antoine –, pour qui, entre autres, la dégradation des conditions de travail n’a fait que croître ausein de l’AP-HP.»
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