LE PIC de l’épidémie du nouveau variant de la maladie de Creutzfeldt-Jakob est-il maintenant dernière nous ? Selon un groupe de chercheurs de l’université d’Edimbourg, cela n’est pas certain. Les derniers travaux d’Ironside et coll. suggèrent, en effet, qu’un nombre significatif de personnes pourraient encore être des porteurs asymptomatiques de la maladie.
L’équipe écossaise a découvert que, contrairement à ce qui était admis jusqu’ici, les sujets porteurs homozygotes de l’allèle 129M du gène PRPN (voir encadré) ne sont pas les seuls susceptibles à l’infection par la protéine prion mutante responsable du nvMCJ (protéine PrP). Le prion pathogène peut être retrouvé chez des personnes hétérozygotes 129M/129V, et même chez des homozygotes pour l’allèle 129V. Chez ces patients, le temps d’incubation précédant l’apparition des premiers symptômes de la maladie pourrait être beaucoup plus long que chez les homozygotes 129M. Ce phénomène expliquerait pourquoi aucun de ces patients n’a jamais été repéré jusqu’ici.
Echantillons d’appendices et d’amygdales.
A l’occasion d’une étude sur la prévalence de l’infection par le PrP au Royaume-Uni, Ironside et coll. ont procédé au criblage de près de 12 700 échantillons d’appendices et d’amygdales retirés à des patients âgés de 10 à 30 ans, entre 1995 et 2000. Parmi ces échantillons, trois étaient positifs pour le PrP.
Un cas d’infection ayant récemment été mis en évidence chez un patient asymptomatique, hétérozygote pour le codon 129 du gène PRPN, les chercheurs ont voulu vérifier le génotype des trois échantillons positifs. Malheureusement, l’analyse génétique n’a pu être pratiquée que sur deux des échantillons (l’ADN du troisième était trop abîmé). Dans les deux cas, le génotypage a révélé que les patients étaient porteurs homozygotes de l’allèle 129V du gène PRPN.
Les échantillons utilisés au cours de cette étude sont anonymes et aucun système de traçage ne permet de remonter aux patients chez lesquels ils ont été prélevés. Mais puisque aucun des patients qui ont déclaré les symptômes du nvMCJ au Royaume-Uni ne possède ce fonds génétique, Ironside et coll. présument que ces deux sujets sont certainement toujours asymptomatiques.
Des observations relatives à la pathogenèse du Kuru et à celles d’autres infections à prions transmissibles par voie orale ont montré que le temps d’incubation de ces pathologies, proches du nvMCJ, est toujours plus long chez les hétérozygotes et chez les homozygotes 129V que chez les patients 129M/129V. Si cette règle s’applique au nvMCJ, il est possible que de nombreuses personnes non homozygotes pour l’allèle 129M soit encore au stade asymptomatique de la maladie. Dans ce cas, un second pic épidémique serait à venir.
« BMJ » du 20 mai 2006, pp. 1186-1188.
Les allèles de PRPN
Deux allèles majeurs du gène PRPN ont pu être identifiés : dans le premier, le codon 129 code pour une méthionine (M). Dans le second, il code pour une valine (V). La moitié de la population du Royaume-Uni est hétérozygote pour ce locus (129 M/ 129V), 40 % sont homozygotes pour l’allèle 129M et seulement 10 % sont homozygotes pour l’allèle 129V.
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