L E sujet est largement controversé. Existe-t-il une relation entre le poids de naissance et le risque de survenue d'un diabète de type 1 ? Certains le prétendent, d'autres l'infirment. Les raisons de cette divergence, expliquent Lars C. Stene et coll. dans le « British Medical Journal » viennent de la puissance statistique insuffisante des études ayant prôné l'une ou l'autre hypothèse. Ces auteurs ont donc bâti une étude de cohorte sur une population afin de tenter d'y voir clair. Les grands nombres vont ainsi dans le sens d'une association significative, mais faible, entre un poids de naissance élevé et la survenue d'un diabète de type 1 dans l'enfance
Les auteurs norvégiens sont partis de leurs registres nationaux. Toutes les naissances, en Norvège, entre 1974 et 1998, soit 1 382 602 individus, ont contribué à une observation de 8 184 994 personnes-année, entre 1989 et 1998. Sur cette période 1 824 enfants ont été diagnostiqués comme diabétiques de type 1.
L'incidence du taux de l'affection augmente assez linéairement avec le poids de naissance. Le ratio, pour les enfants pesant 4 500 g et plus, comparé à celui des bébés de moins de 2 000 g est de 2,21 (CI : 95 % ; p = 0,0001). Les auteurs n'ont pas mis en évidence d'association significative entre l'âge gestationnel et le diabète. Ces résultats persistent après ajustement des données en fonction de l'âge gestationnel, d'un éventuel diabète maternel ou d'autres facteurs responsables d'erreurs éventuelles.
Un large échantillon de population
Avant que de commenter leur résultat, les Norvégiens souhaitent montrer les avantages de leur travail sur les études antérieures. Sa valeur principale réside dans un large échantillon de population et dans des données basées sur une couverture informatisée, c'est-à-dire quasi complète. Ils ajoutent avoir pu tenir compte de facteurs responsables de biais, tels que l'âge gestationnel ou un diabète maternel (nous l'avons vu), mais aussi du sexe de l'enfant, de l'âge maternel, de la parité, d'un accouchement par césarienne ou d'une prééclampsie. De plus, comme l'incidence du diabète de type 1 de l'enfant est restée stable au cours de la période d'étude et que l'association trouvée persiste après ajustement par la période calendaire de naissance, une erreur due au hasard est exclue.
Bien sûr, reconnaissent les médecins norvégiens, certaines sources de biais peuvent toujours exister, telles que le niveau socio-éducatif maternel ou son tabagisme. Toutefois un statut culturel élevé de la mère a déjà été reconnu comme facteur à la fois de gros bébé et, à un moindre degré, de diminution du risque de diabète chez son enfant.
Un diabète maternel
Des tentatives d'explication sont proposées. La première est, bien sûr, un diabète maternel. Mais le lien découvert par les auteurs persiste après exclusion de ces femmes des données. Et la proportion de femmes non diagnostiquées dans cette population est certainement trop faible pour pouvoir influencer les résultats. Quant à l'hypothèse génétique... Il est vrai qu'un variant de la région du gène de l'insuline a été associé, faiblement et dans une seule étude, à un petit poids de naissance et le même variant a été associé à un risque majoré de diabète de type 1. Une variation de cette région irait plutôt dans le sens inverse que celui suggéré par les auteurs.
Reste l'hypothèse d'un mécanisme biologique. L'insuline est le plus important facteur de croissance fœtale en fin de grossesse. Une croissance excessive in utero peut conduire à une destruction ultérieure des cellules ß pancréatiques, d'origine immune. En effet des études in vitro ont mis en évidence que ces cellules ß, en sécrétant activement de l'insuline, expriment davantage d'antigènes associés au diabète et sont davantage susceptibles d'être altérées par l'interleukine 1.
Stene et coll. reconnaissent n'émettre ici que des hypothèses physiopathologiques pour expliquer leur constat épidémiologique. Ils concluent ainsi : « Il est possible que des facteurs périnataux influent sur le risque de diabète de type 1, mais les mécanismes en sont inconnus. »
« British Medical Journal », vol. 322, 14 avril 2001, pp. 889-892.
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