NOM DE CODE : « P6 » pour les initiés, ou PSSIS (plan stratégique des systèmes d'information de santé). Son objectif : donner de la cohérence et un sérieux coup d'accélérateur au lent processus d'informatisation du système de santé français. Une mission non pas impossible, mais en tout cas délicate dans le contexte actuel, marqué à la fois par la remise en cause du pilotage du chantier dossier médical personnel (DMP) et par les retards du partage des données de santé en général (« le Quotidien » des 14 septembre et 19 octobre).
Encore en projet, le plan stratégique de 43 pages est coordonné par la Mission pour l'informatisation du système de santé (MISS), dirigée par André Loth et rattachée au ministère. Il vient d'être soumis à la concertation (celle-ci doit durer jusqu'à la fin de l'année) et sera décliné en «plans d'action articulés et adaptables pour permettre une progression par étapes vers une cible, dans un calendrier donné, en mobilisant les moyens adaptés aux objectifs».
Déjà vu.
Dans le détail, les 20 objectifs fixés par le projet de plan stratégique ont souvent un air de déjà vu, quoiqu'un volontarisme politique semble avoir succédé aux velléités d'hier. A travers le P6, la MISS et le secrétariat général des ministères sociaux (dirigé par Marie-Caroline Bonnet-Galzy) veulent d'abord balayer devant leur porte. Le plan s'efforce en effet de suivre les recommandations formulées en 2006 et 2007 par la Cour des comptes. Il confirme ainsi le renforcement du dispositif de gouvernance des systèmes d'information de santé avec, notamment, l'installation d'un comité de pilotage stratégique (garant de la cohérence d'ensemble). Le document prévoit aussi de «renforcer les ressources humaines», de «rationaliser les organisations» et de ne plus financer des projets à l'aveuglette (grâce à des critères de qualité et des contrats d'objectifs).
Une fois que la gouvernance de l'Etat sera en ordre de marche, le P6 a l'ambition de «gagner la confiance (des patients et des professionnels) et (d') assurer la cohérence des systèmes d'information de santé». Une tâche immense, qui passe entre autres par la «remise à plat de l'architecture du poste de travail» et son adaptation en médecine de ville et à l'hôpital, à compter de 2009.
La panoplie du praticien.
Le plan promet ainsi à chaque praticien «un environnement de travail simplifié, ergonomique, néanmoins hautement sécurisé, mais également moins coûteux, à partir duquel il pourra mettre en oeuvre l'ensemble des fonctionnalités nécessaires à son exercice médical». Un engagement qui sera sans doute suivi de très près par les médecins libéraux, las des mises à jour et des « plantages » informatiques chronophages.
Instaurer la confiance suppose aussi de disposer d'un cadre d'interopérabilité consensuel et de «renforcer le niveau de sécurité» des différents systèmes, grâce à la définition d' «un ensemble de référentiels propres au domaine de la santé» et à la généralisation dans les hôpitaux de la carte à puce des professionnels de santé (CPS sans contact et multiservices) jusqu'en 2010.
Par ailleurs, différents plans d'action doivent permettre de «faciliter l'accès à l'information et aux connaissances». Cela consiste à éclairer les patients par «un dispositif de référencement des sites Web fiables et de qualité», à baliser le système de soins en fonction de critères de qualité (services Internet et téléphonique), à concrétiser l'accès des malades au DMP et aux autres documents médicaux numérisés, et enfin à moderniser les méthodes et outils de la FMC et de l'évalution des pratiques professionnelles (EPP).
D'autre part, le développement coordonné des systèmes d'information de santé est censé avoir un effet de levier multifonctions. Par conséquent, le plan P6 compte «améliorer la qualité des soins», «mobiliser l'information au service de la santé publique» (alertes, veille) et favoriser de même un retour d'information «au service du système de financement, de planification, d'évaluation et de pilotage». L'amélioration de la qualité des soins reposera notamment sur un plan d'action en 2008, relatif à «la généralisation de l'informatisation des dossiers médicaux» (structurés et harmonisés sur le plan sémantique), le futur DMP jouant le rôle d' «un important catalyseur». Le plan mise également sur la modernisation des systèmes d'information hospitaliers (dans le cadre du plan Hôpital 2012), sur l'informatisation de tous les réseaux de santé et des «principaux processus de soins», à partir des référentiels de la Haute Autorité de santé (HAS), entre 2009 et 2013. Quant au plan de développement de la télémédecine (à compter de 2009), il doit contribuer au maintien à domicile des personnes âgées et malades chroniques, et pallier la pénurie de médecins dans certaines zones.
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